J’avais parlé il y a seize mois des photographies de Jean-Baptiste Avril sur le Bauhaus à Tel-Aviv et j’ai cité (dans un commentaire de ce même billet) sa décision de détruire par le feu son travail pour protester contre la manière dont il n’a pas été reconnu, en tout cas financièrement (à la louable exception des services culturels de l’Ambassade de France à Tel-Aviv). Cet autodafé volontaire aura lieu, sauf miracle, le 11 janvier prochain à Chalon sur Saône (symboliquement devant le Musée Niepce ?)
Miracle ? Quelqu’un à l’écoute ? Monsieur Mitterrand ? Monsieur Kaeppelin ? Monsieur Pinault ? Monsieur Banier ? C’est Noël …
Pierre Assouline a écrit un papier sur ce

sujet dans Le Monde Magazine de samedi dernier et, avec son autorisation, je reprends son texte (en rajoutant quelques liens). Même si, pour ma part, je ne sois pas si convaincu que le lieu soit indifférent, conditionnant en partie le geste.
” Tout autodafé est singulier mais celui qui se déroulera le 11 janvier 2010 à Chalon-sur-Saône le sera davantage encore. Car s’il arrive de voir anéantir une œuvre, il est rare que son propre créateur en soit le destructeur. Sauf douteux happening, ce qui n’est pas du tout le propos. Ce jour-là, le photographe français Jean-Baptiste Avril–Bodenheimer brûlera publiquement

Ca s’est donc passé en Israël mais le photographe prévient d’emblée que cela pourrait se passer aussi bien n’importe où dans le monde en Europe ou aux Etats-Unis. Ce n’est pas le lieu qui importe mais le geste qui dénonce un principe. Il entend

Pour lui donner davantage de visibilité, il avait accepté de la publier dans la presse et de l’exposer gratuitement pendant des mois au Musée d’art moderne de Tel Aviv



Cela dit, un autodafé rappelle toujours de mauvais souvenirs. Ceux des inquisiteurs du Moyen-Age précipitant blasphémateurs non repentis et convertis insincères au bûcher. Ceux des sections d’assaut hitlériennes brûlant les livres d’auteurs juifs, communistes ou antinazis. Le mot vient du portugais auto da fé, mais il faut naturellement chercher son étymologie dans le latin actus fidéi qui signifie « acte de foi ». Ce qui est exactement le cas.”
Pierre Assouline, Le Monde Magazine, 19 décembre 2009