25 décembre 2009
Tariq Ramadan, prédicateur ou le télé-islamisme de France Télévision
Tariq Ramadan n'est pas professeur d'université nous dit Fourest. On téléphone à Oxford pour le prouver et on découvre que le concerné ne dispose pas de chaire dans cette université. Il est plutôt rattaché à un centre associé, subventionné par l'émir du Qatar.
Mais où a-t-on vu un professeur d'université enregistrer ses discours sur cassettes audio et les diffuser à travers les circuits d'une librairie religieuse (Tawhîd, " L'Unicité divine "), aux côtés de livres classiques du salafisme et dans un environnement sentant le On nous dit que Tariq Ramadan a soutenu, grosso modo, une thèse douteuse, rejetée par un premier jury, avant d'être passablement acceptée (et encore) par un deuxième jury de complaisance. Mais comment peut-on ne pas douter du travail de quelqu'un qui fait une thèse pour démontrer que son grand père est le meilleur ? (Car c'est bien de cela qu'il s'agit). La célèbre astrologue Elisabeth Teissier n'a-t-elle pas soutenu une thèse de...sociologie à l'université René Descartes, devant un jury présidé par un grand psychosociologue (Serge Moscovici), qui la déclarait Docteure en sociologie ? Ces Au final, ce n'est pas l'argumentation de Caroline Fourest qui m'inquiète, mais le monde médiatique français (et l'opinion qu'il influence), qui a rendu nécessaire cette démonstration. En répercutant leur ignorance sur leurs téléspectateurs, les médias français, toujours à la recherche du spectacle (cirque des temps modernes) et de l'audimat, jouent le même rôle sur cette question que les médias arabes qui diffusent les prêches des prédicateurs islamistes. France Télévision a son prédicateur vedette, exactement comme mesk et vendant le khol ? A-t-on jamais entendu dire que Mohammed Arkoun, Régis Blachère ou Jacques Berque se faisaient écouter dans les taxis et les voitures parisiens ? Connaît-on un seul islamologue sérieux qui distribue (ou fait distribuer) ses cassettes à la sortie des mosquées ?
En revanche, nous savons très bien dans le monde arabe que la cassette (bande magnétique) est le vecteur de diffusion des prêches islamistes, que les discours d'Ali Benhadj et d'Abassi Madani par exemple étaient édités, distribués et propagés par le même moyen... Le canal de diffusion est dans ce cas un indice probant sur la nature même du discours envisagé.
La proposition des " piscines islamiques " n'a rien d'insolite pour nous, elle trouve un écho direct dans les faits récents qui ont ébranlé l'Algérie : le FIS (Front Islamique du Salut), dés le début de sa prédication, islamisait progressivement les espaces publics de la même façon : " mairie islamique ", " marché islamique ", " boucherie islamique " et même... " toilettes islamiques " ! Qu'est ce qu'il y aurait d'étonnant qu'un prédicateur francophone vous parle un jour " d'hôpital islamique " ou de " crèche islamique "(non mixte bien sur) ?
Mais la meilleure, c'est qu'on nous démontre que le grand-père de Tariq Ramadan (qui est aussi son modèle) , Hassan El Banna, fondateur de la secte des frères musulmans, n'est pas un réformiste comme Mohammed 'Abdou ou Djamal Eddine El Afghâni. Mais à qui vous le dites ? Hassan El Banna est connu par tous les esprits libres du monde musulman comme le ravageur de l'Egypte, l'instigateur de la clôture intégriste et le précurseur de la violence politico-religieuse qui menace aujourd'hui presque tous nos pays. Démontrer que Hassan El Banna est un fondamentaliste, c'est enfoncer des portes ouvertes. C'est autant démontrer que Mussolini n'est pas un démocrate.
douctours sont tellement fréquents chez nous que personne ne s'en offusque vraiment...
Replacé dans son contexte large, celui de la nouvelle prédication islamiste qui souffle sur le monde islamique (même chez les Turcs, avec un Harun Yahya par exemple), Ramadan ne serait rien d'autre qu'un prétendant parmi beaucoup d'autres, qui veut avoir sa part (francophone) du grand gâteau de l'audimat musulman. Al Jazeera ou A l Rissala a le sien.
Les immigrés, après avoir été abandonnés par les politiques de l'état et discriminés parun racisme social et institutionnel qui ne dit pas son nom, sont à présent rejetés dans les bras de l'islamisme télévisuel. La société marginale qu'ils constituent a été travaillée par le FIS algérien et les marchands d'identité islamique au moins depuis 1992. Quand la rage des dominés rencontre les aspirations religieuses des prédicateurs, gare aux conséquences. Nous les avons bien expérimentées au Maghreb, dans l'Algérie récente (années 1990) , mais aussi dans le donatisme de l'Afrique chrétienne...