Ils sont forts ces anglais ! L'avenir des séries "pour ados" est définitivement en Grande-Bretagne. Les Gossip Girls peuvent aller se rhabiller, tout autant que les Beverly Hillsiens et les Frères Scott, plus tellement ados mais toujours aussi con-cons. Après Skins (dont je vous reparlerais très bientôt), Channel 4 a lancé il y a quelques semaines Misfits, une série pas prise de tête qui en a sous la cape...
Super-Zeroes
Cinq ados délinquants, parce qu'ils prennent de la coke, sont pyromanes ou violents, doivent partager leurs journées autour de travaux d'intérêt général. Ils n'ont pas grand chose en commun jusqu'au moment où un violent orange leur offre des super-pouvoirs ! Il faut bien reconnaître que ce pitch sonne très cliché et qu'il ne fait pas envie. On ne peut pas s'empêcher de penser à Heroes, mais Misfits n'a rien à voir avec cette bouse infâme. Elle possède d'abord quelque chose que Peter, Claire et les autres n'ont pas et n'auront jamais : de l'humour et du second degré ! Les personnages se moquent eux-même de la situation saugrenue dans laquelle ils se retrouvent alors tout de suite, ça passe beaucoup mieux. Et puis ils sont super attachants et cela en l'espace d'un ou deux épisodes. Passons aux présentations.
Nous avons d'abord Nathan, le petit couillon typique qui passe son temps à se moquer des autres, à les rabaisser et à faire des blagues foireuses, tournant souvent autour du cul. Eh bien étonnament, il n'est pas lourd. Ou alors on s'habitue. Et il sort régulièrement des énormités qui ne peuvent que faire rire. Derrière sa carapace se cache évidemment un garçon pas si sûr de lui, qui a longtemps souffert de l'absence de son père. C'est le seul du groupe à ne pas découvrir son pouvoir tout de suite. Et sans trop en révéler, la découverte sert de cliffhanger de fin de saison. Assez efficace mais que l'on sent venir trop tôt. Chez les garçons toujours, nous avons Simon qui est, je l'avoue, mon chouchou. C'est celui que je trouve le plus touchant et c'est celui qui bénéficie certainement de la personnalité la plus complexe. Au départ, c'est le geek classique, pas bien dans sa peau, rejeté par les autres, qui ne sait pas parler aux filles mais qui, comme tous les garçons de son âge, a des envies et des besoins à assouvir. Son pouvoir ? Celui de devenir invisible, mais pas vraiment à sa guise, il ne le maîtrise pas encore très bien. Et cela va lui attirer pas mal de problèmes. Est-il fou ? Est-il pervers ? La question est posée. Il est en tous cas fortement perturbé et il a du mal à se contrôler. Et puis il a un beau petit cul. Ca ne gâche rien. Le dernier mec de la bande, Curtis, aurait pu être une star de l'athlétisme et représenter les British aux JO de 2012 à Londres si l'on n'avait pas retrouvé sur lui de la coke un soir de débauche. L'orage va lui apporter le don de voyager dans le passé afin de réparer ses erreurs et parfois celles des autres. L'occasion d'ailleurs de nous offrir un épisode assez exceptionnel (le 4ème) qui nous présente les personnages tels qu'ils étaient avant avec multiples retours en arrière et course-correcting. Très casse-gueule mais vraiment réussi !
Les représentantes des filles sont très différentes puisque l'on a d'un coté Kelly, l'anglaise typique qui parle fort (avec un accent incroyable), qui a le cuissot bien fourni et qui ne se laisse pas faire; et de l'autre Alisha, une petite bombe en puissance qui sait mener les garçons par le bout de la bite et qui, elle non plus, ne se laisse pas faire. La première obtient le pouvoir classique de lire dans les pensées et la seconde, un don très particulier et pas très utile finalement : celui de rendre les garçons fous de son corps rien qu'en les touchant, quasiment jusqu'au viol ! En gros, ce qu'elle savait déjà faire mais en pire. C'est là toute l'intelligence de la série : elle se sert du prétexte des pouvoirs surnaturels pour dresser jusqu'à l'extrême des portraits réalistes d'adolescents typiques un peu paumés. On retrouve forcément ce qui a fait la gloire de Skins mais associé à du thriller, et même à du gore parfois. L'association est inédite et absolument pas indigeste. C'est drôle, rythmé, prenant et souvent inquiétant. La bande-son est géniale, passant du La Roux à du Damien Rice avec une certaine aisance. Visuellement, ce n'est pas aussi beau et poétique que Skins, c'est plus sale, plus sombre, plus urbain et plus désespéré (qui eut cru cela possible ?) mais c'est parfaitement maîtrisé (le générique est pas mal du tout d'ailleurs).
So What ?
La première saison de Misfits est courte (6 épisodes) et une deuxième saison a déjà été commandée. Je vous invite donc fortement à la découvrir. On a rarement vu une série aussi complète, qui allie avec intelligence des univers a priori opposés. Le fantastique sert à appuyer le ton réaliste du propos. Une façon de raconter l'adolescence autremement, avec beaucoup de justesse. Une belle surprise pour terminer l'année 2009 en beauté !
// Bonus // Le superbe trailer pour annoncer la saison 1... On regretterait presque qu'il ne s'agisse pas d'un extrait du pilote.