C’est étonnant comme l’opinion publique change rapidement et plus spontanément qu’on ne le pensait. Au début des années 90, une circulaire royale interdisait purement et simplement qu’on fume dans les lieux publics. Comme souvent, personne n’en a tenu compte. On a continué à fumer dans les trains, les restaurants, les cafés, les bureaux … sans que personne ne sourcille.
Depuis quelques années, les lois interdisant le tabac dans les lieux publics fleurissent malgrés le travai lde sape des lobbies du tabac qui s’époumonnent devant cette grave atteinte aux libertés individuelles. Fumeurs ou pas, restons courtois. Tu parles. Le législateur a habilement contourné l’argument des libertés individuelles pour appliquer le principe de la protection de la santé publique face au problème du tabagisme passif. Fumeur ou pas, cancer tu auras. C’est ainsi que tout le monde respecte la loi et son esprit en s’abstenant d’enfumer son voisin au bureau, au restaurant, dans les trains. On peut juste continuer à enfumer les garçons de café.
Plus pour longtemps car le secteur HORECA estime la loi trop complexe et les experts médicaux restent dubitatifs devant l’inocuité de la cigarette dans les salle de cafés. C’est pourquoi, après des palabres dont nos élus ont le secret, l’interdiction totale du tabac pour 2012 avait été votée en commission du sénat. Y compris par le PS.
Là où je perds mes nerfs, c’est lorsque Elio Di Rupo retourne sa veste et annonce qu’il faudrait peut-être revoir cette position car, après tout, c’est la crise. L’argument qu’il développe, est que, bien conscient des dangers de tabac, l’interdiction de totale de fumer risque de mettre à mal l’emploi dans les cafés. Pas con. Pour contrer la crise, tuons les cafetiers. Moins de cafés, moins de cafetiers potentiellement sans emploi. Moins de café, moins de cancer. Imparable. Au delà de l’hypocrisie de l’argument, l’expérience démontre que c’est faux. Les cafetiers des pays qui ont voté l’interdiction totale n’ont pas vu leurs revenus baisser. Certains l’ont même vu augmenter car l’air vicié tenait à l’écart un public rétif à l’idée de puer le tabac froid après une soirée entre amis. Ou un public familial qui ne trouvait pas cohérent d’interdire à leurs gosses de fumer pour qu’ils s’intoxiquent en vidant leur orangeade.
Et si tout ça n’était qu’un écran de fumée pour céder au lobbies du tabac sans se mettre l’opinion à dos? L’argument de la crise peut alors expliquer des tas de positions impopulaires. Donfut qui reprend son job? C’est la crise. Libérale en plus (ça, ça en jette. Ce brave Elio était administrateur de Dexia et a enteriné bon nombre de choix qui ont mené à la crise libérale).
Restons courtois.
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