Et pourtant, j’ai lu ce bouquin d’une traite. Ma première impression fût renforcée par les cinquantes premières pages. Je ne m’y retrouvais pas dans cette galerie de marquis, de serviteurs et de chevaux (un arbre généalogique placé en début de livre aurait pu m’aider mais j’avais passé les premières pages pour entamer le roman directement). Ces premières impressions passées, je me suis habitué au style à la fois léger et pesant de Camille de Villeneuve (tiens! une particule). Léger parce qu’elle use du pointillisme pour dresser son tableau et pesant car elle alourdit ses phrases de qualificatifs qui alourdissent son texte. Ce choix stylistique s’avère loin d’être irritant car il instille un rythme presque musical qui illustre très bien le caractère empesé et paradoxalement vulgaire de ses personnages. Par petites touches, elle saute d’un de ses personnages à l’autre pour illustrer la tragédie d’une famille trop sûre de sa supériorité qui subit les outrages du temps et de l’évolution des moeurs comme un fleuve grignote inexorablement ses rives les plus friables.
Résumer les insomniaques à une n-ième variation sur les sagas familiales ou à un succédané de Rougon-Macquart ne serait pas rendre justice à Camille de Villeneuve. Elle fait preuve d’une étonnante maturité dans le développement de son intrigue. Très lentement, mais avec une vue claire sur le cap qu’elle s’est fixé, elle aborde les thèmes habituels de la famille mais c’est habilement qu’elle prend appuis sur les moments marquants de la France d’après guerre pour accèlerer brutalement le rythme de son récit.
Un belle surprise et une belle réussite.
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