Chat et souris : quand Amazon joue avec les chiffres des ventes

Jouons à Qui suppute transpire : c'est un jeu simple, il consiste à laisser à vos concurrents le soin de deviner le nombre de ventes que vous pouvez réaliser en bouquins, ebooks ou avec votre Reader... tout en lançant régulièrement des campagnes d'intox dans lesquelles vous dites que tel ouvrage est en tête des ventes, ou que le Kindle est l'achat préféré des Français...
Mais n'allez pas croire que seul Amazon joue à cela : quand Sony annonce des ventes phénoménales pour ses lecteurs, on n'est pas plus avancé en termes de chiffres. Au moins, quand Steve Jobs d'Apple dit que l'iPhone a explosé des records, il file des chiffres à moudre à la presse...
Alors, voilà, au cours de ces derniers mois, Amazon a claironné çà et là que les ventes du Kindle étaient exceptionnelles, tout en ne lâchant rien sur leur réalité. Pas le moindre chiffre. Pourtant, le marchand annonçait en début de mois que le Kindle figurait parmi les meilleures ventes et les objets les plus souhaités par ses consommateurs, un peu comme il nous avait fait le coup en décembre... 2008.
D'ores et déjà, décembre 2009 est également LE mois du lecteur ebook, mais depuis le lancement en 2007, les ruptures de stock et les communiqués victorieux, on ne sait rien. Et cela inquiète encore plus la concurrence, situation passablement aggravée par les analyses des analystes, qui mettent le Kindle loin devant tous les autres... Parce que chez Amazon, on considère que donner une info, c'est offrir à la concurrence de quoi vous dépasser... Alors, les analystes reviennent à la rescousse, et l'on tente des comparaisons maladroites.
Au moins, les ventes d'un iPod, on les connaît, et on sait que l'on est écrasé par ce rival intouchable. Mais le Kindle, considéré comme un best-seller, quid en réalité ? Étant donné que toutes les ventes réalisées à travers le monde passent par la société mère aux États-Unis, il y a de fortes chances pour qu'en effet, il soit le produit le plus sollicité, attendu que personne d'autre ne peut le vendre...
Et pas plus qu'on n'indiquera le nombre d'exemplaires vendus, de même, Nielsen BookScan, pourtant une référence en matière de comptabilité et de ventes des livres, n'a pas accès aux données du cybermarchand. En outre, Nielsen ne dispose pas d'instruments de mesure pour quantifier les ventes de livres numériques sur le territoire américain, alors Amazon peut encore plus et mieux dire ce qu'il veut. Ce manque sera la priorité de Nielsen l'an prochain, mais en attendant, que dalle.
Le concours de devinette est toujours ouvert, et le grand jeu du Fais suer tes concurrents, Barnes & Noble en tête, avec leur Nook, en leur laissant croire ce que tu veux bien sous-entendre, a définitivement de beaux jours devant lui...