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Le servage des "taties" à la Réunion

Publié le 24 décembre 2009 par Laurelen

L'agent territorial spécialisé d'école maternelle (ATSEM) s'occupe des enfants d'une école maternelle et seconde efficacement la maîtresse. Ces dames ATSEM, les taties des enfants, sont précieuses pour les maîtresses et pour les bambins; précieuses aussi, pour certains maires de La Réunion, de l'or à leurs yeux, des biens meubles, dirait Sudel Fuma, de dociles serves, corvéables à merci, de simples dames-pipi ou encore, selon l'heureuse expression de Jean-Marie Virapoullé, du bétail.

Et notre Moyen-Âge, à La Réunion, est ressuscité surtout grâce à deux maires-seigneurs, Claude Hoarau, le seigneur de Saint-Louis et Éric Fruteau, le seigneur de Saint-André. Cloclo - c'est le nom gâté que ses intimes donnent à Claude Hoarau, les malicieux empruntent le même, mais en supprimant la petite consonne l. Cloclo, dis-je, a fait son tri sélectif dans ses biens meubles : certaines ATSEMs ont reçu un aimable congé - et définitif - pour ne s'occuper que de leurs propres enfants, d'autres ont été mutées à l'autre bout de la seigneurie. Et selon son bon vouloir. Il lui plaisait, selon la formule consacrée... D'autres biens meubles ont connu un sort semblable sur ses terres. Voilà ce qui arrive à ceux qui n'accordent pas assez d'attention au maître du lieu. Le Moyen-Âge suit son cours. Le père Lafosse doit se retourner dans sa tombe ! L'Histoire ne fait que se répéter.

Et le Moyen-Âge suit miraculeusement son cours à Saint-André, et de la même manière. Autre maire, autres mœurs ! Éric Fruteau, le seigneur de Saint-André, a manié ses biens meubles avec la même gentillesse. Et il vient de faire un joli cadeau de Noël à sa troupe de serves : il oblige ses ATSEMs à exécuter une agréable corvée : s'occuper des toilettes des centres aérés, une heure par jour, pendant les vacances scolaires, histoire de ne pas leur laisser perdre la main ! Les dames-pipi de Saint-André doivent la nuit rêver à leur activité favorite. On ne sait pas quoi faire de mieux pour les déshumaniser ! Et pendant ce temps-là les érémistes de sa seigneurie tapent le domino ! Et pendant ce même temps les maîtresses profitent pleinement et à juste titre de leurs vacances. Que voulez-vous ? On est serf ou on ne l'est pas. Une petite heure, c'est peu de chose ! C'est tout de même une journée où l'on est prié de rester près de chez soi, comme on le ferait en cas de maladie !Placet, dirait en latin son voisin qui porte le même nom ! Éric, comme doivent l'appeler ses intimes, sait soigner son monde. Il sait faire du social. La preuve, il a trouvé une petite monnaie pour augmenter les indemnités de son entourage ! Elle est belle, la vie, à Saint-André !

Mis à part ces rudes taquineries, pourtant bien justifiées, il serait bon de résoudre une fois pour toutes le sort de ces dames ATSEMs, les oubliées de l'Éducation nationale où elles jouent un rôle important, à la différence de celui des TOS, ouvriers de nos collèges et lycées, qui ne sont jamais en contact avec les élèves. La FSU, agrégat de syndicats de gauche, jure ses grands dieux qu'elle s'occupe de tous les problèmes de l'Éducation nationale. Elle s'intéresse à tous les personnels, sauf aux ATSEMs, sans jamais faire l'effort de chercher à les arracher de la tutelle des mairies et à les intégrer dans l'Éducation nationale. On a dégraissé le mammouth de Claude Allègre ! C'est une bonne chose. On pourrait traiter les ATSEMs comme celles qu'elles secondent et les rétribuer comme l'étaient les TOS des lycées et collèges. Ainsi on mettra fin à la dernière trace bien visible de servage à La Réunion.

Même en métropole, des ATSEMs, qui ont passé avec succès leur examen, ne sont pas titularisées. Là-bas également sourd ici et là un petit quelque chose du servage.

On ne peut que souhaiter que la FSU ait l'amabilité de déposer sa faucille et son marteau et de venir au secours de ce personnel oublié, même si ce n'est pas d'un grand rapport en voix pour elle, et que madame la députée, Huguette Bello, se penche aussi sur ce problème et fasse les démarches à l'Assemblée nationale où elle siège. Sensible au sort des femmes, elle ne peut se permettre de laisser le servage des femmes sévir à La Réunion comme il sévit actuellement.

Gérard Jeanneau

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