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Sarkozy confond la France avec l'UMP

Publié le 10 décembre 2009 par Juan

Mardi, le chef de l'Etat a préféré la tribune écrite plutôt que l'interview télévisée pour "recadrer" le débat sur l'identité nationale d'Eric Besson. Loin de calmer, il a rallumé le feu, à coup de maladresses sur la religion. Surtout, cette tribune "préfabriquée" a été rapidement éclipsée par de nouvelles polémiques frappant le camp du président.
L'identité religieuse de Nicolas Sarkozy
Il se murmurait dans les couloirs des rédactions la semaine dernière que Nicolas Sarkozy interviendrait à la télévision. Finalement, le président français s'est caché derrière un texte écrit par d'autres. Quand il parle, Nicolas Sarkozy hausse les épaules, pointe du doigt, dresse les poings. Ces phrases sont souvent courtes, le verbe se veut populaire, les fautes de Français pullulent. Depuis des années, l'ancien maire de Neuilly et avocat d'affaires veut faire "proche du peuple". Quand il écrit, les formules sont soignées, l'argumentation est posée. On oublie l'attitude de "caïd" qu'il affectionne quand il est perché sur une estrade.
Mardi, l'argumentation était incompréhensible : Sarkozy dit tout et son contraire. Il excuse les Suisses pour leur référendum maladroit mais joue aux Poujades contre l'élite médiatico-culturelle qui ne comprendrait rien au peuple. Il semble défendre la laïcité, cette "séparation du temporel et du spirituel", mais la flingue d'une formule : "la laïcité ce n'est pas le refus de toutes les religions, mais le respect de toutes les croyances". Vraiment ? La laïcité est aussi le respect des non-croyants. Pourquoi faut-il le rappeler au Monarque élyséen ? La seconde religion en France est, d'après les sondages, celle des non-croyants. Et que dire de sa phrase de conclusion ?

"Chrétien, juif ou musulman, homme de foi, quelle que soit sa foi, croyant, quelle que soit sa croyance, chacun doit savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation et, conscient de la chance qu'il a de vivre sur une terre de liberté, doit pratiquer son culte avec l'humble discrétion qui témoigne non de la tiédeur de ses convictions mais du respect fraternel qu'il éprouve vis-à-vis de celui qui ne pense pas comme lui, avec lequel il veut vivre."
La confusion des genres
Dès mercredi, ce grand discours était quasiment oublié, dépassé, rattrapé par des polémiques frappant l'UMP. Nicolas Sarkozy est d'abord président de l'UMP avant d'être celui de la République. Comme tous les 6 mois, le Monarque a assisté lundi soir à un "meeting" rassemblant les plus généreux donateurs privés à l'UMP. Vous avez bien lu: le "chef de l'Etat" est allé remercier personnellement celles et ceux qui donnent une généreuse contribution - entre 3000 et 7500 euros par an - à son parti politique. Lundi soir, Nicolas Sarkozy n'a eu qu'à marcher quelques mètres pour assister à un dîner à l'hôtel Bristol, un palace situé quasiment en face du palais de l'Elysée. Sur place, Nicolas Sarkozy a promis à ses quelques fortunés qu'il ne reviendrait "jamais" sur le bouclier fiscal à 50%. Comment qualifier cet encouragement aux dons, quand on est président mais pas en campagne pour sa propre élection ?
La République est bananière, et les bananes se comptent en millions d'euros. Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy était aussi en meeting UMP en Alsace, à blaguer avec des militants de son Parti, sur l'état du Parti Socialiste : «Vous savez, au fond ce qui manque au Parti socialiste, c'est d'un directeur des ressources humaines. Ils ont des talents, ils ne savent pas s'en servir. Franchement. Donc, j'ai choisi d'être leur directeur des ressources humaines».

Eric Woerth et ses comptes avec la Suisse
Eric Woerth, lui, a été interpelé mercredi à l'Assemblée Nationale. Le ministre du budget est toujours trésorier de l'UMP. Quelle curieuse conception de l'impartialité gouvernementale ? Celui qui est en capacité de diriger des contrôles fiscaux gère les comptes (et les donations) du parti politique du Président. La confusion des genres est à son maximum. le ministre la nie: "il n’y a aucune incompatibilité entre la fonction de trésorier d’un parti politique et la fonction de membre du gouvernement", a-t-il justifié mercredi dans l'hémicycle.
Eric Woerth est aussi gêné par les révélations du Parisien sur sa fameuse liste de 3000 exilés fiscaux en Suisse qu'il avait brandi l'été dernier. Le ministre a dû confirmer mercredi qu'une partie de cette liste a été volée à la banque HSBC par l'un de ses cadres, surnommé "Antoine", et transmise aux services du fisc français: "Il n'a pas été rémunéré et nous ne reprenons des informations que lorsqu'elles ne sont pas anonymes" a expliqué Eric Woerth.
On se souvient des liens qui "rapprochent" depuis longtemps Eric Woerth et la Suisse. Déjà trésorier de l'UMP, il s'était rendu en mars 2007 à Genève chercher de généreuses donations privées pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, avait rappelé un banquier suisse en septembre dernier : «A l'époque, Eric Woerth ne cherchait pas à savoir si les chèques qu'on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français!». L'UMP n'a pas vérifié si certains ces adhérents "franco-suisses" de l'UMP faisaient partie de la fameuse liste des "3000 émigrés fiscaux". Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, n'a pas voulu confirmé l'information cette semaine. Autre rappel, l'épouse d'Eric Woerth gère la fortune de Liliane Bettencourt, qui vit en ... Suisse, au sein d'une société dénommée Clymène.

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