Dimanche, Jean-Louis Borloo parlait climat, sur Canal+ puis Europe 1. C'est "son" moment. Copenhague bat son plein. Interrogé par Anne-Sophie Lapix, le ministre souriant du "développement durable" n'avait rien à dire sur le débat identitaire d'Eric Besson.
Besson, Borloo, ces deux hommes sont les meilleures illustrations des deux faces du Sarkozysme.
Faux gentil...
A Copenhague, Jean-Louis Borloo fait son possible. Ou du moins le croit-il. La proposition européenne de vendredi dernier, a été jugée minimaliste par les pays en voie de développement. On oublierait presque que le ministre français chiffrait, il y a à peine quelques jours, à 276 milliards d'euros les besoins financiers des pays les plus fragiles face au réchauffement climatique. Sur cette somme, l'Union Européenne s'est donc engagée à ... 7 milliards d'euros sur 3 ans. Borloo a aussi fait sienne l'idée d'une taxe sur les transactions financières internationales, dont les sommes récoltées serviraient à la transition énergétiques des pays les plus pauvres. Cette idée non plus ne fait pas illusion, c'est une mauvaise opération de communication qui risque d'être contre-productive, dénonce Yannick Jadot d'Europe Ecologie: "Personne ne soutient Borloo, ni dans la délégation française, ni à Bruxelles, ni à l'ONU".
Quand Anne-Sophie Lapix, sur Dimanche+, demande au ministre pourquoi le plan de relance sarkozyen a-t-il négligé les engagements du Grenelle de l'Environnement, en favorisant la construction d'autoroutes, ou la prime à la casse Borloo joue l'incompréhension: "c'est faux, c'est faux... Il n'y a pas eu de reconstruction d'autoroutes". "Tout cela ne va pas à l'encontre du Grenelle de l'Environnement ?" relance Anne-Sophie Lapix, le sourire toujours désarmant. Le ministre balaie la critique d'un revers de main. "Nous avons 45 mesures de fiscalité verte cette année." Borloo veut être le "commandant Cousteau de Sarkofrance", un gars sympa qui parcoure les pôles et les déserts et ferait presque oublier qu'il est aux manettes.
... et vrai méchant
Son collègue joue une autre partition, c'est le côté obscur de la Force sarkozyenne. Il semble lui importer peu d'être désormais comparé à Jean-Marie Le Pen. Mardi, Eric Besson a organisé un nouveau départ de sans-papiers vers l'Afghanistan. Il y a un mois, 3 Afghans avaient déjà été expulsés, malgré les protestations d'associations humanitaires. Pour parer aux critiques, Eric Besson avait tenté d'expliquer, en vain, que les 3 expulsés n'étaient pas originaires de zones en guerre. Il les avait même fait héberger, aux frais du contribuable français, dans un hotel pendant 15 jours. Le coût de chaque éloignement devient prohibitif, mais le ministre ne manque pas d'argent. L'expulsion d'un clandestin coûte environ 33 000 euros : 13 000 euros pour le retenir dans un centre (à en croire la Cour des Comptes), et 20 000 euros pour l'expulsion elle-même. Même le Quai d'Orsay maintient ses consignes de prudence pour les touristes français désireux de se rendre sur place.
Un mois plus tard, Barack Obama annonçait l'envoi de 30 000 soldats américains supplémentaires dans le pays, dans un discours à West Point, le 1er décembre dernier. Dan Balz, du Washington Post, repris par Courrier International, est lucide: "Le président Barack Obama a pris la pleine direction de la guerre en Afghanistan, le 1er décembre, en annonçant une intensification rapide du conflit."
Pour une zone de pais, on a vu mieux. Un récent reportage de France 24, auprès de soldats français, était à cet égard édifiant.
Mardi 15 décembre, une nouvelle expulsion est prévue. La Cimade a alerté les médias. Elle pense qu'une dizaine de sans-papiers seront cette fois-ci concernés. Neuf d'entre eux, détenus à Coquelles, ont reçu leur notification d'expulsion pour cette date.