Encore quelques semaines de paresse… Pas vraiment, le temps de suivre et de dérouler ses idées, de constituer un texte qui a assez de sens pour se présenter sur la toile. Je sais, une niaiserie de plus ou de moins sur cette toile … Le dernier billet racontait que les semaines avaient été chargées de visites personnelles et de consultants canadiens en présence sur le terrain. Bis. Maintenant un an que nous avons installé notre linge dans les commodes de Pelerin 9, Petion-Ville. Avec le linge, la vaisselle et la literie, quelques livres et ce qu’il faut pour continuer à boire le café tous les matins. L’essentiel, c’es t l’essentiel, surtout en Ayiti. Cette première année a passé aussi vite qu’une F1 dans la longue ligne droite du circuit Gilles-Villeneuve de Montréal. Sérieusement, aucun espace pour s’ennuyer, surtout pas ceux qu’on nous avait annoncé.On nous avait effectivement annoncé une dépression post-arrivum autour du cinquième ou du sixième mois. On devait vivre une écœurite aigue du pays et des ayisien. On devait vouloir à tout prix quitter les caraïbes en rêvant amoureusement aux tempêtes de neige sur le Plateau Mont-Royal. Rien de cela n’est encore arrivé et je ne crois pas que le terrain est fertile pour l’apparition de ce genre de malaise. On a bien évidement eu quelques petites bouffades dépressives face à des situations ou des événements qui montrent les conséquences de l’extrême pauvreté de ce pays et de sa population, comme pour d’autres qui montrent la grande richesse creuse d’une certaine couche de la société.La vision d’un concessionnaire Porsche à l’entrée d’un presque-bidonville laisse toujours, même après un an, une certaine amertume dans le gosier. Les milliers de génératrices qui polluent l’air et étouffent le silence. Les odeurs qui courent les rues d’un pays sans eau courante. Les millions de personnes qui vivent dans les rues entre les machines, les chiens, les cochons, les cabris et les poules. Presque pas de chats dans ce capharnaüm, on les préfère dans les assiettes. Mais surtout, l’intensité des sourires et des culs qui se font aller en permanence, comme si la fête faisait maintenant du code génétique de ce peuple.