La musique résonnait dans le jardin
D’un indicible chagrin.
Sur un plat, des huîtres glacées
Sentaient la fraîcheur âcre de la mer.
Il m’a dit : «Je suis un ami fidèle!»
Et il effleura ma robe.
Combien ressemble peu à une étreinte
Le frôlement de ces mains-là.
Ainsi caresse-t-on les chats et les oiseaux,
Ainsi regarde-t-on les sveltes écuyères…
Le rire seul anime ses yeux calmes
Sous l’or léger des cils.
Mais les voix déchirantes des violons
Chantent derrière une brume qui s’étire :
«Bénis donc le Ciel:
Pour la première fois tu es seule avec lui.»
(Anna Akhmatova)