Un séjour à l’hôpital psychiatrique Razi est vraiment une expérience unique dans son genre. C’est un vrai test de survis et d’adaptation. Je pourrais passer des heures à vous en parler sans que vous puissiez imaginer la profondeur des émotions qu’on ressent dans le pavillon. J’ai vécu la tristesse mais aussi la joie, la mélancolie, la colère, l’espoir et le désespoir… toutes ces émotions dans leur état le plus pur, c’était tellement fort que je pleurais toutes les nuits ou presque. Maintenant quand j’y pense je me dis que toutes ces larmes n’y étaient pas pour rien… La journée commence tôt à l’hôpital, dés 6h du matin les patients sont déjà debout et font du bruit. A 6h30 le petit déjeuner est servi toute de suite après on sort dans la terrasse prendre notre bain de soleil quotidien et c’était notre seule activité de la journée. On n’avait pas le droit de sortir du pavillon, la porte était fermée à clé, on était emprisonné… J’avais le privilège de sortir comme certains autres patients qui ne risquaient pas de s’enfuir. Je sortais pour aller à la buvette boire un café ou acheter du tabac. Mes sorties étaient bien organisées. Le matin, a 7h pile pour mon express, l’après midi pour un autre café et vers le crépuscule pour faire un petit tour dans l’hôpital. Il y avait vraiment de beaux paysages et ça me faisait beaucoup de bien surtout avec quelques morceaux de doom metal. J’avais aussi des entretiens quotidiens avec les médecins. Il y avait la résidente, une jeune belle fille qui avait fait de son mieux pour moi. J’ai même essayé de la draguer mais elle était vraiment très professionnelle, je crois qu’elle en faisait un peu trop, mais bon… Il y avait d’autres médecins aussi que j’avais vu mais aussi la psychologue, ma préférée… Elle était tellement gentille et je me sentais assez alaise avec elle. Il faut dire que les tests qu’elle m’avait faits étaient un peu stressants mais je m’en sortais bien. Je dois mentionner ici la compétence de toute l’équipe, ils sont vraiment très compétents. D’habitude je suis très exigent, très dur avec les psys mais à l’hôpital Razi, mise à part les infirmiers, l’équipe était bien qualifiée. Au bout de quelques jours je commence déjà à me rapprocher de certains patients, à me faire des amis chez les fous, qui, devrais-je rappeler, n’était pas aussi fous qu’on le croit… (Je ne comprends toujours pas ce que c’est un fou !) et parmi les patients, il y avait ce vielle homme à la voix aussi profonde que les rides de son visage (GCM)… Je ne connaissais pas son nom mais je prenais toujours sa défense. Il était très gentil, très calme, très affectueux. Tous les autres le frappait, dérobait ses cigarettes (tout le monde fume à l’hôpital mais personne ne possède du tabac). Une fois je suis resté prés de lui, j’avais senti qu’il avait besoin de discuter, bien qu’il ne fût pas trop bavard. Il était triste, il me disait que sa femme et ses enfants lui manquaient tellement, ensuite il m’avait demandé si on allait le libérer bientôt. Oui, il avait utilisé ce terme, libérer, parce qu’à l’hôpital psychiatrique c’est comme dans une prison… Il m’avait dis que sa famille l’a abandonné et il s’est mis à sangloter et à pleurer, des larmes bien tièdes d’un vielle homme blessé. Je l’avais pris dans mes bras et je lui avais dis que tout ira bien. Je crois que cela l’avait un peu rassuré. C’était parmi les faits qui m’ont vraiment marqué. Autres faits très important c’est l’attitude des patients face aux visites. On entend souvent dire qu’en entrant à l’hôpital psychiatrique les gens nous oubli. J’ai vu un patient qui était là depuis 1975 et que personne ne venait le voir pour une visite, j’ai vu des patients pleurer en suppliant leurs parents de venir leurs rendre visite, j’ai vu des patients faisant des interminables allers retours en attendant leurs proches qui ne viendront jamais, j’ai vu le désespoir mais j’ai vu aussi les larmes de joie quand un père ou une mère vient visiter son enfant. J’avais vraiment peur d’être abandonné, je pensais à cela dés mes premières minutes mais heureusement ce n’était le cas. Il y avait ma famille, mes amis qui venaient mes voir tous les jours et ça me faisait tellement de bien. Je me souviens parfaitement de ma réaction quand le téléphone sonne et quand on me dit qu’on vient pour une visite. Ça me rendait très joyeux. Je n’oublierais jamais aussi F. et son aide très précieuse, il était vraiment très amical. Il me conseillait et me montrait toujours le chemin. Pendant le deuxième jour, j’avais changé de chambre mais celle là puait et n’était vraiment pas habitable… Moi, j’avais repéré une belle place dans une autre chambre mais elle était occupée. Je suis allé voir son propriétaire mais il refusait d’échanger nos lits. J’allais voir F. et je lui raconte le truc alors il m’a proposé de faire un marché avec le patient. Lui, il avait besoin de tabac mais il n’en possédait pas. F. m’avait dis de lui proposer deux cigarettes pour son lit. Ce n’était pas vraiment mon truc de faire ce genre de marché et je ne croyais pas qu’il allait accepter mais ça a marché et j’étais très content… J’avais appris tant de truc, j’ai appris à m’imposer, à donner mon avis, à dire non,… On était en mini-société et je crois qu’apprendre à s’imposer dans cette société là était très important. Ce n’était pas l’avis de F. il disait que je devrais apprendre à m’imposer dans la vrai vie, mais bon. Je dirais encore que c’est vraiment une expérience unique, que c’est un vrai test d’adaptation et je crois que j’avais bien passé le test. Ces 12 jours m’était bénéfique.