Allez, je me lance, dans cette note, sur cet exercice périlleux consistant à m'interroger à propos d'une des plus grandes chanteuses actuelles, artiste généreuse, disposant d'une technique époustouflante, dotée d'une musicalité exceptionnelle et effectuant un vrai travail musicologique, en plus de son activité d'interprète.
Seulement au fil des enregistrements, malgré un vrai travail musicologique consistant à exhumer des partitions qui méritent d'être, pour la plupart, découvertes, avec un projet cohérent, de Salieri aux compositions pour castras italiens, en passant par Gluck et la Malibran, sur la durée, cette voix très travaillée, ce vibrato incessant, malgré la beauté des couleurs déployées, ces airs de bravoures alignés comme autant de perles sur un collier... ne finissent-ils pas par lasser ? Étonnamment, l'écoute d'une partie du dernier disque qu'elle a consacré aux Castras italiens du XVIIIème siècle ("Sacrificium") ne fait que conforter ce sentiment de relative lassitude. C'est fou comme on peut être "blasé" d'écouter un tel niveau d'excellence ! Plus sérieusement, s'il faut louer la qualité encore exceptionnelle du travail de Cecilia Bartoli, je crains être en train de saturer un tout petit peu sur ses modulations, ce vibrato omniprésent. Je suis certainement en train de traverser ma phase "recherche d'un chant naturel, évident, simple" et ne semble plus vraiment supporter les voix travaillées à l'extrême. C'est bien dommage, tant cette grande interprète est attachante et sincère. Je changerai peut-être à nouveau...