credit photo: François Schnell
Au cours du journal de 20 heures de France 2, ce mardi 22 décembre, Marie Drucker rend compte du résultat du vote sur la transformation de La Poste en société anonyme. Elle rapporte que l’UMP et le Nouveau centre ont voté pour tandis que, sans surprise, la gauche a voté contre.
Une relation objective eut été d’annoncer que l’UMP et le Nouveau centre ont voté pour, la gauche votant contre. L’ajout de la mention sans surprise revient à dire que, comme on pouvait s’y attendre, la gauche a voté contre. C'est-à-dire que celle-ci s’avère incapable de se prononcer en toute indépendance, enfermée qu’elle est dans une opposition systématique et destructrice au gouvernement. Celui-ci, par vents et marées, met en œuvre le programme sur la base duquel un pays tout entier s’est voué à son souverain glorieux, Nicolas le premier.
Petit ennui, dans le cadre d’un vote sauvage, plus de deux millions de citoyens se sont prononcés contre la privatisation de La Poste, dont nos gouvernants nous jurent qu’il n’est pas question, tout comme, il y a quelques années, un certain Nicolas Sarkozy avait promis que jamais GDF ne serait privatisé. Dès 2007, un Parlement à la représentativité plus que douteuse a réformé notre Constitution. Il sera un jour possible d’organiser des référendums d’initiative populaire, dès que Sa Majesté aura daigné ordonner la prise des décrets d’application. Fort heureusement, le nécessaire a déjà été fait pour permettre à celle-ci de dispenser sa Sainte parole dans l’enceinte du Parlement. Il est étrange de voir un pouvoir, si impatient de faire parler le peuple, tellement sourd à ses vœux.
Quant à la phrase de Marie Drucker, il eut été tout autant partisan de dire que, sans surprise, la droite a voté pour. On aurait alors insinué que tous ces députés de l’UMP et du Nouveau centre ne constituaient qu’un ramassis de godillots, de béni-oui-oui, qui ne savent que se prosterner devant leur leader, ce chef de parti, peut-être même, qui sait, chef de bande, indigne de son titre de Président de tous les Français.
Ce propos de Marie Drucker me conduit à m’interroger. Cette journaliste est-elle consciente d’avoir abandonné le domaine de l’information pour pénétrer nettement celui du commentaire, que la déontologie impose pourtant de maintenir strictement séparé du précédent ? Si elle l’ignore, cela démontre à quel point le monde des médias a été infecté par les menées de Sarkozy, de ses frères, de ses amis fortunés et puissants, et de leurs valets, pour réduire et, si possible, anéantir la liberté d’opinion, seule garante d’une démocratie véritable.
Si elle est consciente de cet écart, et surtout s’il est, ou délibéré, ou imposé, c’est encore pis : une dictature molle est en marche.