La grande difficulté dans l’exercice de l’éloge reste la navigation. L’écueil de la flagornerie, l’embûche de la fadeur, le risque de la médiocrité… Il faut choisir son homme avec soi, ceux à qui l’éloge sera adressé avec plus de rigueur encore. Dans le cas de Pierre Oster, il semble que l’on ait plutôt affaire à une sorte de remerciements que l’on n’aurait pas pu contenir en fin de livre. Alors, pourquoi ne pas leur en accorder un entier ? « Chaque écrivain sait bien ce qu’il doit, et à qui. » En toute logique, la démarche allait donc de soi.
Alors, près de vingt-cinq auteurs vont défiler dans une série d’évocations, manquant souvent de quelque chose d’intime, effectivement, mais si l’on ne sent pas beaucoup l’implication, la ferveur des éloges montre toute la grandeur de l’intention. Non pas que l’exercice soit pratiqué avec sécheresse : il se déroule sans heurt ni cri, avec une très belle écriture, presque distante.
Mais surtout que c’est à Saint John Perse, que le premier hommage est rendu. Et plusieurs fois, il sera invoqué dans ce recueil. Et que Saint John Perse, on ne le lit peut-être plus, mais son œuvre, pour qui l’a ouverte, dépasse de loin tout ce que l’on peut imaginer. Alors, mon petit Pierre, de tout mon cœur, merci de cette pensée pour lui : l’illustre Alexis Saint Léger, de son vrai nom doit t’en être reconnaissant.
Ensuite, Jean Paulhan, Ponge, Guillevic ou encore Jaccottet, de grands noms de la poésie française, qui reçoivent de Pierre Oster le tribut qui leur revient. On apprend et découvre les influences qui ont façonné Pierre Oster : c’est tout un voyage apaisant, si l’on oublie un peu l’aspect scolaire de la chose.