Un rideau de fer qui se torsade au son d’un rock qui veut se faire entendre. Un mur de la honte qui s’érige en une nuit et s’effrite à la couleur de la musique le plus souvent conservatrice, en opposition à « l’autre coté » (comme disait l’autre). À l’occidentale à souhait comme l’a prouvé « Wind of Change » du groupe allemand The Scorpion...
Nouvelle approche
Une culture de choc, qui s’entrechoque, qui se rencontre en 89 et surtout sur un double album rock « Berlin- Wall of Sound » dans les bacs depuis le 22 octobre dernier. Un habillage modeste qui nous plonge dans cette Allemagne-là. Cette Allemagne qui scande le désire de liberté où la place est gardée par une crise perverse narcissique.
Un anniversaire fêté récemment ? Ça tombe bien, Caroline Cartier journaliste à France Inter a concocté un mixe d’une trentaine de titres sélectionnés avec soin de musique pop aux prémices d’une révolution musicale. Un joli panel convenu de cette période et surtout d’un Berlin qui cache dans les années 80 ce qui sera connu de tous après la chute du mur, à savoir les balbutiements de la techno.
« Halt ! » : Pas d’erreur sur marchandise
Un double album comme un cadeau de Pandore qui délivre plus de trente ans de musique frénétique pop. Si vous répondez favorablement à une réaction épidermique négative violente à la langue chantée allemande, passez votre chemin. Même si quelques groupes chantent en anglais, la plupart des titres sont en allemand. Et d’un allemand très aiguisé, tranchant, sec aux mélodies russes pour quelques pistes. À noter, des résonances pop des années sombres qui rappellent quelques signatures actuelles pour ne citer que Radiohead où l’on ressent une force, du charisme et une soif de s’imposer.
Qu’on se mette d’accord, il n’est pas question d’un Rammeisten nauséabond avec leur dernier album. Les Nina Hagen, Faust ou autre Nico ne sont pas non plus des androgynes juvéniles à la coiffure d’un Dragon Ball Z qui subitement font rouvrir des classes de langue allemande, au plaisir des professeurs fournissant les paroles des dernières chansons. (« C’est toujours ça de pris » se disent-ils !)
Une musique frénétique aux principes sclérosés.
Le double album donc, une bande-son qui incarne l’époque trouble d’une capitale divisée, révoltée, enchaînée. Et les riffs des guitares avides de transes voudraient scier chaque maillon de cette chaîne où la pop s’inscrit comme très avant-gardiste, défiant les principes d’une Allemagne anti-capitaliste, répondant au code du non politiquement correct. Les trente titres sont acerbes et dénotent une envie de tout envoyer valser. Installés sur le mur, le « cul » entre deux mondes, les groupes s’insurgent et utilisent la musique comme un mouvement contestataire évident.
« Berlin - Wall Of Sound » est donc un témoignage d’une pop active, fonceuse, fiévreuse.
Il faut tout de même noter que le double CD est aussi un ensemble de mélodies étranges où les guitares couvriraient la sourde angoisse du bruit des petites cuillères qui tentent désespérément de creuser le tunnel de la liberté alors qu’à Londres, les Clash (qui passeraient pour des enfants de choeur) ont eu largement le temps d’installer confortablement le look et l’énergie punk.