Revue littéraire de Noël…

Par Brulezn

L’hiver est là, le froid nous saisit de plus en plus (quand il neige pas). La lumière du soleil se fait discrète, les marrons chauds ont poussé les cornets de glace à la retraite, notre nez rouge remplace notre mine dorée. Vous aurez compris qu’est venu le temps de se lover sous une couette accueillante, ou de pousser la porte des bars et de commander un grand chocolat chaud pour accompagner votre lecture saisonnière…

Je suis un boulimique, je lis (quand Mylène cesse de parler, attention challenge en vue…) mais surtout quand le froid s’installe. Allez savoir pourquoi, mais je trouve que cette saison est propice à se plonger dans l’histoire des autres, de se laisser guider dans un univers différent, lointain et pas tant finalement. Ne vous est il pas arrivé, au détour d’une page, d’avoir cette étrange impression de parcourir une tranche de votre vie ?

Je vais vous parler de mes coups de cœur de ce mois de décembre.

Le premier, mon préféré sûrement ! , est le premier livre de Shalom Auslander : La Lamentation du prépuce.

Iconoclastes, hilarants et incroyablement touchants, les mémoires d’un jeune juif du New Jersey élevé dans la plus stricte tradition orthodoxe. Entre Chaïm Potok, Woody Allen et Philip Roth, un régal de drôlerie et d’émotion, un vrai morceau de bravoure contre tous les fondamentalismes religieux.

Quand il était petit, le jeune Shalom croyait aveuglément la parole des adultes : s’il allumait la télé pendant Chabbat, Dieu ferait perdre les Rangers, et tous ceux qui mangeaient du porc périraient dans d’atroces souffrances.
Et puis, Shalom a commencé à douter. De son père qui se saoule au vin casher et fait du Chabbat un véritable enfer. De sa mère qui le force à porter une kippa à la piscine. Et de Dieu Lui-même qui, télé ou pas, s’obstine à faire perdre les Rangers.
Alors Shalom s’est rebellé. Il a mangé des hot-dogs, lu en cachette les magazines cochons de son père, convoité de plantureuses shiksées blondes, et attendu, tremblant, l’inéluctable châtiment divin…

Aujourd’hui, son épouse, Orli, attend un bébé. Partagé entre son désir d’émancipation et son besoin de racines, Shalom est confronté à une agonisante question : quel sort doit-il réserver au prépuce de son enfant ?

Mon avis : ce livre m’a laissé sur le cul. Un bijou blasphématoire, rien que de le lire vous enverra directement en enfer. Un style fluide, des mots percutants, rien n’est laissé au hasard. L’émotion qui se cache derrière le récit effarant de ce jeune juif anxieux (la faute à qui ?) est touchante sans pourtant verser dans le pathos. Un premier livre, une réussite, un auteur à suivre ! Quelque soit notre conviction religieuse, notre croyance (ou non) à Dieu, notre foi, ce livre ne nous laissera pas indemne.

Ma note : A +

Le second, est le livre de Thomas Clément, le père des TomCast, le blogueur, ancien de DDB, l’homme à l’expérience incroyable (un modèle !), sorti en 2006 : Les Enfants du Plastique.

“‘Vos lendemains musicaux’ avec Unique Musique est la seule major de production musicale française en 2010, après avoir écrasé toutes ses concurrentes grâce à une invention de son PDG Franck Matalo, qui a permis d’éradiquer le piratage et les copies illégales. Mais parvenu au sommet, il est pris d’une angoisse nostalgique à l’idée de ce qu’il fut et de ce qu’il a commis. Pour ‘réparer ce qu’il a détruit ou détruire ce qu’il a construit’, Franck Matalo décide de tout casser à lui seul. Pour cela, il va produire et lancer le pire groupe choisi parmi les milliers de maquettes que leur envoient tous ceux qui ne veulent pas croire que la musique est fabriquée au kilomètre par des logiciels très performants. Intestin, groupe punk rock abominable, est né. Mais contre attente et malgré tous les efforts de Franck, c’est un succès phénoménal.

Mon avis : pour son premier roman d’anticipation, Thomas Clément nous livre avec force sa vision vitriolée de l’univers de la musique. Sans pour autant délaissé la douceur et l’émotion, Thomas Clément claque à la gueule de son lecteur des sons stridents, du larcen, du sex drug and rock’n roll à outrance mais avec la plus grande finesse des écrivains de talent. J’avoue avoir ri, oui beaucoup, grincé des dents, souvent, mais surtout l’histoire de cet homme désabusé, amoureux, perdu, nostalgique d’un bonheur oublié m’a fait pleurer. Ce livre qui se dévore vous marquera longtemps d’une exquise trace de dents.

Ma note : A

Celui-ci pour tout vous dire, c’est sa couv’ qui m’a poussé à l’acheter (le fameux syndrome ECM), je ne connais ni l’auteur et encore moins l’histoire. Ce n’est qu’il y a quelques jours que je me suis aperçu du buzz qui l’entourait. Cormac McCarthy brillant auteur de La route a réussit à me séduire.

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l’extrême. Prix Pulitzer 2007, La Route s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires aux États-Unis.

Mon avis : après un démarrage difficile de quelques dizaines de pages, un peu lent à mon goût, une adaptation à son style, je suis resté écrasé par le poids de cette histoire. Le symbolisme philosophique du thème abordé par McCarthy est saisissant. Alors que tout sur Terre est ravagé, que la population encore débout se déchire, un homme tente de traverser le pays avec son fils, bravant les dangers humains. La question est entière : que peut-on espérer quand le pire est arrivé ? Entre animalité, espoir, et transcendance, l’auteur nous livre encore une bombe dans nos cerveaux fatigués…

Ma note : B

Le dernier est encore tout neuf, je ne l’ai pas ouvert, je crois que je me le garde sous le coude. Jean Teulé m’a surpris avec Le magasin des suicides, faisant écho à mon travail, je me suis laissé absorber par sa prose, son acidité, le regard ironique qu’il porte sur notre société. Les critiques de Deedee et celle d’Anne-sotte,  qui ont su me mettre l’eau à la bouche, m’ont dévoilé juste ce qu’il faut du Montespan pour m’empresser de corner ses quelques pages. Pour autant je patiente, jusqu’à ce que cette douce attente se mue en un temps insoutenable et me fasse me ruer sur ce “tableau débridé du Grand Siècle”.

Mon avis : patience, patience, le meilleur reste à venir…

Posted in Livres