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Monster

Par Anaïs Valente

En lisant les critiques sur DVDpost, qui m'a livré ce DVD, Monster, j'ai eu peur :  « ennuyant », « brutal », « d'une cruauté incroyable », « vraiment pas à recommander »,  « d'un mauvais goût certain », « violent », « à ne pas voir avec des enfants ».

Pour « à ne pas voir avec des enfants », faut pas être un génie pour le savoir, rien que le film le laisse supposer... Sauf peut-être ceux qui pensent regarder ou louer Monster et Cie de Disney, mais soit.

Mais pour le reste, j'ai pris peur.

Puis j'ai regardé Monster.  Un film dont j'avais beaucoup entendu parler, pour la performance de Charlize Theron, pour son maquillage la rendant méconnaissable, pour son Oscar.  Un film, donc, que j'avais envie de voir depuis sa sortie.

Et j'ai regardé.

Puis je me suis demandé si j'avais bien regardé ce film dont on disait qu'il était « ennuyant », « brutal », « d'une cruauté incroyable », « vraiment pas à recommander »,  « d'un mauvais goût certain ».

C'était nin, possible, j'avais pas vu le même film !

Bien sûr, Monster est un film dur, très dur, nul ne l'ignore en décidant de le regarder.  Au-delà de ces meurtres, au-delà de la violence froide et rapide (mais franchement, j'ai vu bien plus violent au cinéma), pour moi, cette femme n'est pas un monstre.  Enfin pas totalement.  On pourrait le croire.  Pour les familles de ces victimes, elle l'a été, c'est clair.  Tout qui tue peut être qualifié de monstre.  Rien n'excuse le fait d'ôter la vie.  Elle est devenue un monstre, petit à petit.  Et, au-delà de toutes ces morts, le message est autre.  Il parle d'une femme dont la vie n'est que souffrance, dont la vie n'est qu'une solitude intégrale, d'une femme en quête d'un amour absolu, en quête de bonheur, qu'elle recherche depuis l'enfance, en vain.  Il parle d'une femme dont la vie bascule lorsqu'un autre la met en danger de façon ignoble, et qui pête alors un câble.  Et qui au lieu de réagir « comme il se doit », comme quelqu'un de « normal » le ferait, continue à pêter, encore et encore, des câbles, des câbles, et encore des câbles, sans cesse, au point de s'approcher du statut monstre, voire de l'être.  Oui.

Rien n'excuse d'ôter la vie.  Mais parfois, une vie entière peut expliquer comment on en arrive à ôter la vie.  Une vie gâchée qui gâche d'autres vies.  Cela n'excuse rien.  Mais cela explique.  Et c'est ce que j'aime dans ce film.  Il tente de comprendre.  Il tente de démontrer le pourquoi du comment.  De montrer qui elle était.  Qui elle est devenue, années de souffrance après années de souffrance.

Ajoutez à cela une Charlize Theron métamorphosée, tant physiquement que dans son attitude et son regarde, et vous obtenez un film à voir.  Pas un film amusant.  Pas un film tendre.  Un film qui dérange.  Pas à cause de sa violence.  A cause de l'éclairage nouveau qu'il propose sur cette histoire vraie.  A cause de ce sentiment, parfois, que l'on peut avoir, par rapport à ce « monstre ».  Ce sentiment qu'on ne voudrait pas avoir vis-à-vis d'un « monstre ».  Mais ce sentiment qui est là, indéniablement.  Un sentiment de pitié.  D'empathie.  De sympathie.  Mêlé à l'horreur.  Drôles de sentiments.  Qui font se demander si l'on est un « monstre » de ressentir ça...

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