Gyeongju

Publié le 13 décembre 2009 par Jean-Michel Frappier
Deux billets pour Gyeongju s'il vous plaît. JI ONG JU, DJI É ONG DJU.........On a beau essayer toutes les prononciations imaginables et contorsionner nos cordes vocales de manière surhumaine, nos prouesses linguistiques coréennes n'impressionnent personne. Impossible de se faire comprendre. On finit par pointer les symboles hangeul 경주시 dans notre guide de voyage et on réussit tant bien que mal à embarquer dans un bus vers l'ancienne capitale du royaume de Shilla. Habituellement, quand le vendeur de tickets semble surpris de voir arriver deux touristes et qu'il ne devine pas automatiquement notre destination, on est certains de partir pour toute une aventure! Pourtant, après Séoul, Gyeongju est la ville la plus visitée de Corée. Le site internet de l'UNESCO parle d'un musée à ciel ouvert et du point culminant de toute visite en Corée.

La propriétaire de l'auberge de Busan nous avait suggéré de passer la nuit dans une maison traditionnelle coréenne et elle a gentiment réservé pour nous au Sarangchae home stay. Elle nous a même imprimé un plan pour que l'on n’ait aucun problème à trouver l'endroit.

SA RANG CHA É ........... SA RAN SA........ On tourne en rond depuis plus de 45 minutes dans des ruelles sans nom où devrait se trouver notre hôtel dont on n'arrive pas à prononcer le nom, dans une ville que l'on connaît seulement sous les symboles 경주시 . Heureusement, on a une carte!

Pas très utile comme plan, mais on finit quand même par trouver, après avoir arpenté une par une toutes les ruelles de la ville qui ne sont pas sur ce plan. Ça valait vraiment le coup, l'endroit est parfait. La maison rustique tout en bois a plus de 150 ans et ressemble à un temple bouddhiste. Les chambres minuscules sont disposées autour d'une cour centrale et on y rentre par une porte coulissante en papier peint. À l'intérieur, un seul meuble, une petite étagère, rien d'autre sauf quelques couvertures pliées dans un coin. Pas de lit, on va certainement nous apporter un tatami plus tard en soirée. On dépose nos sacs et on se rend au bâtiment principal boire une tasse de thé pour se réchauffer un peu avant d'aller visiter la ville.


Dans la cuisine, on rencontre deux Coréennes qui viennent de terminer leurs études universitaires et qui en profitent pour visiter un peu leur pays. Quelques heures et plusieurs théières plus tard, on se rend compte qu'on a passé la journée à discuter, on a beaucoup appris sur la Corée, mais on n’a toujours rien visité. Affamés, nos deux nouvelles amies nous suggèrent un restaurant traditionnel réputé à travers le pays. Selon elles, on devrait adorer et bien se rassasier.

À l'extérieur du restaurant, dans le jardin, il y a plusieurs cages suspendues aux arbres avec de jolis oiseaux exotiques à l'intérieur. Dans le hall d'entrée, en patientant pour une table, on peut admirer les diverses collections des propriétaires. Il y a celle des figurines cheaps du magasin à une piastre, celle des roches qui ressemblent à des choses, et surtout celle des oiseaux empaillés! Une serveuse vient nous chercher pendant que l'on observe la roche sensée ressembler à un cheval et nous mène à une table. Elle nous quitte aussitôt, sans que l'on n'ait rien commandé. Pourtant, les plats commencent à arriver, encore et encore, jusqu'à ce que la table soit pleine. Devant nous, 37 assiettes! On a faim, mais pas à ce point-là. On inspecte rapidement les plats, c'est bon, aucun oiseau exotique. En tout, on peut identifier moins d'une dizaine de mets sur la trentaine et il s'agit principalement des herbes qui semblent servir de tortillas, si l'on se fie aux gens autour de nous. Du poisson, des crevettes, du boeuf, du porc, deux autres viandes mystère, plusieurs légumes inconnus, mais surtout des mollusques visqueux à l'odeur douteuse! On commence par prendre un peu de poulet que l'on enroule dans une feuille de laitue. WOAH!, ça arrache! On aime le piment, mais quand on a les lèvres et la langue qui enflent, c'est un peu trop épicé à notre goût. Le poisson grillé est assez bon, ça nous met en confiance, c'est le moment d'essayer quelque chose de nouveau, pourquoi pas les crevettes marinées. On en dépose quelques-unes dans une feuille de chou blanc et on déguste. Automatiquement, j'ai un haut-le-coeur atroce en croquant les crevettes qui ne sont pas marinées, mais bien crues et recouvertes d'une sauce au piment fermenté qui a le goût, la texture et l'odeur du lait caillé. Impossible d'avaler! Mais au moment où j'allais tout recracher, la serveuse a la merveilleuse idée de venir remplir nos plats parce que comble de malheur, tout est à volonté. J'ai donc avalé de force pour ne pas avoir l'air fou. Plusieurs mois plus tard, juste à y penser, j'en ai toujours la nausée! On en a pourtant mangé des trucs bizarres et expérimenter de nouvelles recettes fait partie de ce que l'on aime le plus en voyage. On a goûté presque tous les plats, mais la plupart étaient tout simplement immangeables. On a commandé un verre d'alcool local, du soju, pour essayer de faire passer le tout, mais même ça, ça ne passait pas. La gastronomie coréenne, très peu pour nous.

On quitte le restaurant en laissant la table pleine, toujours aussi affamés. On a un mauvais goût dans la bouche qui ne semble pas vouloir partir et on a envie de nourriture connue, quelque chose de simple. Il se fait tard, on voudrait seulement se remplir l'estomac, mais on dirait que tous les restaurants offrent le même menu traditionnel. En tournant un coin de rue, une apparition fantastique, une magnifique arche d'orée, un McDonald! Exactement ce dont on avait besoin. Comme deux enfants surexcités, on se précipite à l’intérieur.

À la maison, on mange rarement chez McDo sauf qu'en voyage, on s'y rend au moins une fois par pays. Surtout pour les toilettes propres, la clim, le wifi ou pour essayer les spécialités locales. Chez nous, il y a la poutine. On a essayé le mcarabia en Égypte, le mcspaghetti avec des bouts de saucisses dedans, le riz et le poulet frit aux Philippines, les McDo sans boeuf de l'Inde, la mcbière en Allemagne, les mcshrimps au Japon, et on a présentement devant nous, le Bulgogi Burger Coréen, du boeuf mariné dans une sauce incroyable, un vrai délice!

De retour à l'hôtel, on croise nos deux nouvelles amies et on termine la soirée devant une dernière tasse de thé avant d'aller se coucher. Puis, avez-vous aimé nos spécialités locales? AH.....eeeeeeeee.............OUI , on a adoré le boeuf Bulgogi!

Dans la chambre, ce que l'on croyait être une couverture s’avère être le tatami. Les Coréens les aiment moins épais que les Japonais pour mieux sentir la chaleur du plancher chauffant, la seule source de chaleur de la pièce! Couchés par terre, on se remémore la journée. On s’est perdus, le restaurant était ignoble et l'hôtel inconfortable, pourtant Gyeongju est vraiment un des points forts de notre périple en Corée. On a vécu de nouvelles expériences, discuté avec des gens intéressants et plongé à fond dans une culture inconnue, tout ce qui fait un voyage réussi selon nous. Et dire qu'on n'a même pas encore visité la ville!