C’est en voyant District 9 qu’on se dit que James Cameron aurait du passer la main à Neill Blomkamp.
Vous me trouvez injuste ? Ben…. je m’pose des questions quand même !
Neill Blomkamp, jeune réalisateur issus des effets spéciaux, nous a livré un film étourdissant pour moins du dixième du budget du grand bleu de Cameron.
Il aborde en plus un sujet que son ainé avait exploré dans son scénario d’Alien Nation. Les E.T. ont débarqué, il faut les gérer comme les immigrés qu’ils sont.
Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Là où Cameron flirte avec le racisme anti-indiens (les peaux rouges contre les tuniques bleues) Blomkamp flirte avec l’Apartheid (les blancs parquent les noirs). Comme Jake, Wikus va devenir un alien. Contre lui va s’opposer un militaire ultra violent à la solde d’un trust multinational et le final sauvage se jouera aussi en armure exosquelettique géante ! Et même la poésie des dernières images termine d’unir ces deux films…
Pourtant “District 9″, dans sa fougueuse jeunesse, va innover à chaque plan dans son cadrage et dans son montage, là où Cameron fait du méga classique, du blockbuster mainstream tel qu’on le connait depuis 10 ans. Classieux certe, mais classique…
Pour le spectateur de District 9; il en résulte une immersion totale, un vrai tour de manège magique où on se demande bien comment tout cela va finir. Alors que pour Avatar on ne doute pas une seconde de la fin ! C’est toute la différence entre un “ride” malin et surprenant et un grand huit ou on devine à l’avance la trajectoire des wagonnets.
Il est certain qu’au niveau rendering et animation les Prawns de D9 sont plus faciles à gérer que les Na’Vi: des carapaces chitineuses sont toujours plus faciles à rendre en 3D que des muscles sous la peau, des cheveux, des poils ou des plumes. On ne peut définitivement pas comparer des grenades et des oranges bleues ! Mais dans “District 9″, les grenades font BANG là où les oranges (bleues) font plouf sur Pandora car Neill Blomkamp apporte cette hargne et cette envie de “rentrer d’dans” que l’on trouvait dans Terminator ou Aliens. Son film dépote grave sans laisser un moment de répits ! Il a une forte personnalité et son traitement façon reportage ose montrer des images “crades”: les E.T. font pipi, sont violents, mangent de la viande crue, sont cracras comme les boat people intersidéraux qu’ils sont. Mais autant ils peuvent dégouter et autant on peut prendre parti pour eux tout au long du film. A aucun moment on reste indifférent.
On le sait maintenant les effets spéciaux permettent de tout faire mais on continue de nous vendre des films sur leur qualité seule au détriment de la narration cinématographique ! District 9 non seulement vous fait passer un excellent moment mais en plus il donne envie d’en voir plus.
Pourtant en relisant le “scriptment” (premier jet sans dialogue) d’Avatar. Un document qui a circulé sur le net sans autorisation de son auteur et que j’ai (peut être) récupéré par le plus grand des hasards mais certainement pas conservé ce qui aurait fait de moi un contrevenant ce que je ne suis pas… bref en relisant ce bouzin on s’aperçoit de la richesse incoryable du propos de Cameron. De son travail minutieux sur l’exobiologie mais où est passé le “Slinth” prédateur pandorien qui perd la tête au sens propre *)… et ben je vous promets que le film sur les écrans actuellement n’en a que 50% ! Basé sur ce document il y avait de quoi faire un film incroyable plus dense et cohérent, plus speed avec des personnages plus complexes. On a l’impression que la production a perdu des pages en route ou a du faire des choix… Là encore cela me rappelle ce premier draft de King Kong signé Fran Walsh et Peter Jackson qui avait une autre allure que leur nanar pantagruélique !
Quels sont donc les choix de productions qui lissent les projets vers le bas ? Où est l’intérêt à rendre moins intelligent un projet ? A plaire aux masses qui découvrent l’Iphone ?…
(*) The slinth is a large predator, fast as a cheetah, that spears its prey with its head, which is like a venomous lance. The
prey wobbles off and collapses, alive and conscious but unable to move because of the neurotoxin. The slinth eats it alive.