Chaque jour que je passe sur Internet me rappelle que je suis vieux.
Outre le fait que je lise parfois de (très jolis) textes où je me reconnaîs, moi aussi, sous la dénomination « un des premiers cyberworkers de la fin du XXe siècle» , j’ai beaucoup de mal à me retrouver dans une certaine mouvance:
- celle où on m’envoie une carte électronique pour me souhaiter mon anniversaire
- celle où je reçois l’icône d’un verre de bière en tant que cadeau
- celle où quand je parle d’adapter un site aux visiteurs on me répond « non, depuis le temps les visiteurs se sont adaptés«
- celle où on me Twitte pour me dire que l’on vient de se laver les dents
- celle où on ne peut aller à un séminaire si le Wifi n’est pas activé
- celle où quand je mentionne le terme « netiquette» on me regarde avec un oeil hagard
- celle où on me dit que l’accès Internet est un droit fondamental et on ne peut pas couper la connexion, même si on s’en sert pour des activités illégales
- celle où on me tutoie immédiatement, que ce soit sur Twitter, sur un forum, par email ou sur Facebook
- celle où la musique s’écoute en mono sur un téléphone
- celle où un film se regarde sur un écran de 7″ de large
- celle où on ne peut pas boire un verre au café si le réseau ne passe pas
Je fais des cadeaux réels, j’envoie de vraies cartes papier, je pense aux autres personnes, je parle à des inconnus dans la rue, j’éteins mon téléphone portable, je regarde des films sur grand écran, j’écoute de la musique sur une chaîne, je vouvoie ceux que je ne connais pas, je peux vivre sans Internet.
Je suis vieux et j’en suis fier.