Magazine Politique
L'expression offre politique est parfois employée, soit par des journalistes, soit par des blogueurs, soit même par des responsables de communication de partis politiques.
J'ai lu, ça et là sur la toile, des commentaires plutôt sceptiques, voire indignés, qui jugent inappropriée la réunion des mots offre et politique. Et dont l'argumentation n'a d'ailleurs rien d'inintéressante.
Qu'en penser ?
L'emploi de l'expression offre politique n'a à mon avis rien de déshonorant ni de mercantile, le système social démocratique étant fondé sur l'échange. Des citoyens ont une manière de voir le présent et de penser l'avenir. Seuls, ils ne peuvent rien. Regroupés, ils ont un poids proportionnel à leur nombre. Que certains prennent le temps de se réunir et de formaliser un système de valeurs, de rédiger un code d'éthique et d'élaborer un programme d'action permet en effet de faire une offre. Celles et ceux qui s'y retrouvent peu ou prou, voire d'avantage, savent ainsi à qui s'adresser pour participer à ce mouvement.
Le choix du mot démocrate pour colorer une offre politique est d'une affligeante banalité. Mais il se contente, sans effet de surprise, de manifester un retour aux sources.
La différence entre :
-le centralisme démocratique, fondé sur la peur de l'exclusion et la doublepensée, de feu le PCF,
-et la démocratie médiatique, fondée sur l'audimat et les sondages à courte vue, de l'UMP
montre assez bien que ce vocable supporte des extensions de sens qui débordent de sa signification fondamentale. Pourquoi ne pas vouloir la restaurer ?
► Ce n'est pas parce que la religion est devenue une marchandise pour les sectes, les églises apostoliques, les marchands d'indulgences ou de bibles, les acheteurs de la peur de la mort, les commercants d'influence ou de passe-droits sociaux, que la religion est intrinsèquement une marchandise.
► Ce n'est pas parce que la politique est devenue une marchandise pour certains partis, les marchands de prébendes ou de protection simili-légale, les acheteurs de la peur de l'étranger, les commercants de protections ou de sauf-conduits en affaires, que la politique est une marchandise.
Un groupe tel que l'association pour la reconnaissance du vote blanc (sujet abordé ailleurs sur mon site) met en cause, pour expliquer l'abstentionnisme croissant, une inadéquation croissante entre l'offre politique et les besoins ressentis par les citoyens.
Le concept a un sens. Même si la formulation, inspirée des pires excès de la mentalité marketing (je vous fais croire que mon offre est la seule à répondre à vos besoins profonds : débattons donc de l'identité nationale, pour que vous acceptiez que cohabitent un ministère de l'immigration et un ministère de la défense...), peut légitimement inspirer quelque méfiance.
Crédits :
-Merci à l'auteur de la couverture du livre Le vote blanc, d'André Durand, avec une préface d'Hervé de Charette, éditions l'Harmattan dont j'aurais bien voulu illustrer ce papier, si l'image fournie par l'éditeur sur son site avait été lisible...
-Alors, j'ai retenu la couverture du livre de José Saramago, La lucidité. C'est une idée iconographique que j'ai subrepticement subtilisée à Jean-Jacques Birgé.
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 24 décembre à 11:16
C'est Olivier Durand,et non André Durand qui est l'auteur de l'ouvrage cité dans les crédits. Désolé pour cette erreur née d'une prise de notes bâclée... JPD
posté le 24 décembre à 11:11
C'est Olivier Durand,et non André Durand qui est l'auteur de l'ouvrage cité dans les crédits. Désolé pour cette erreur née d'une prise de notes bâclée... JPD