Entre les informations données par les drones, les informateurs, les rapports, les écoutes téléphoniques... Difficile de faire non pas le tri mais la synthèse utile de ces différentes sources. Le
Darpa, la branche recherche du Pentagone, a donc choisi de se pencher sur la possibilité de les diffuser sous une forme plus digeste : celle des histoires.
Pas de recrutement de conteurs professionnels en vue pour autant : ce sont des algorithmes très sophistiqués qui trient les données, en détectent les significations sous-jacentes, et les assemblent sous la forme de récits.
Le Darpa voit là un intérêt fort pour la conduite des opérations militaires. L'utilisation d'histoires permet la construction d'une interprétation des
événements la plus adéquate qui puisse être, non pas du fait des détails qu'elles pourraient renfermer, mais parce que la forme narrative se focalise naturellement sur les éléments qui sont les
plus déterminants dans la prise de décisions.
Pour l'instant, tout cela n'est (presque) que de la théorie. Car il s'agit pour le moment d'un projet expérimental, que le Darpa a baptisé
Experience-based Narrative memory (EN-Mem).
Il y a encore du travail en perspective : comprendre le mécanisme du cerveau et du coeur humain dans la réception des histoires et la gestion de leur
contenu de manière à pouvoir écrire des programmes de softwares qui retranscrivent fidèlement ce fonctionnement.
Mais le Darpa est plein d'espoir, et comme il le dit lui-même :
« donner du sens à une situation complexe est comme comprendre une histoire, il faut construire, imposer et extraire une interprétation. Cette interprétation permet de tisser les mailles d'un récit dont la forme familière rend l'information facilement compréhensible. Les interactions des personnages sont faciles à percevoir ainsi que les dynamiques de leurs motivations. La forme narrative, de par son caractère connu de tous, facilite les analogies, le souvenir de similitudes du passé, ce qui enrichit encore la réflexion tout en simplifiant la situation. »
A suivre.