Depuis le 9 décembre dernier, l’édition collector, DVD bonus et CD soit 4 volumes « Lungs » du groupe Florence and The Machine est dans les bacs. Arrêtons-nous sur l’album « Lungs » (poumons en anglais) sorti le 16 novembre, incarnant un parfum pop rock médiéval aux notes olfactives volatiles.
Alouette, je te plumerai la tête
L’opus entre les mains, la première chose qui nous vient à l’esprit c’est un florilège de noms. Mais oui, je l’ai sur le bout de la langue… punaise, c’est quoi « Lungs », The Sugar Cubes qui se reforme ? (rappel, The Sugar Cubes est le premier groupe rock de Björk). Non, c’est pas ça… bon, alors c’est Dido qui se met au rock ? Non, c’est pas ça non plus… bon, alors c’est Dolores O'Riordan chanteuse des Cranberries aux allures de Mylène Farmer ? Hum, non toujours pas… c’est juste une Anglaise de 22 ans qui répond au nom de Florence Welch qui porte sur ses épaules frêles le groupe aux textes dignes d’un Bridget Johns’s Diary et au son rock intemporel.
Inspiration, Expiration
Florence respire la vie aux petites fleurs et aux longues robes d’un hippy new age (où selon les titres, impose un corps de revues tel que le Crazy Horse), avec le soupçon de cynisme qu’il faut.
La rouquine chante ses émotions avec la puissance du chant lyric et le parfum d’un chaos d’une vie de jeune femme aux jambes interminables en pleine rupture. Douceur et acidité, treize pistes telles un bonbon qui pique les yeux. Le deuxième effet Kisskool ? À l’humeur androgyne, elle s’amuse à décrire les relations entre les hommes et les femmes, entre ange et démon à l’effluve mystique, elle aime porter le masque vénitien Piangi ride dore.
Un album clair-obscur qui impose la rythmique d’un souffle percutante et écorchée. Excepté quelques titres (coup de cœur pour « Girl With One Eye » et « Kiss With A Fist ») d’une pop indé dynamique des années 90’s, aux riffs de guitare irrésistibles ; l’ensemble est asthmatique. On regrettera même un style à cheval entre Beyonce et Evanescence sur « Drumming Song ». L’Anglaise en a des choses à dire et tant de choses qu’on n’y comprend plus rien. Pas assez dépouillé, pas assez abouti, la force de l’album ne tient que sur un fil. Un fil ? Une corde même, celle de la harpe omniprésente.
Du « glum rock » à bien des égards : ça fait mal au coeur
« Glum rock » comprenez Rock de pleurnichards, pop mélancolique des années 80 dans une veine d’un Coldplay ou d’un Keane s’inscrit comme une évidence avec « Rabbit Heart (Rase It Up) » ou encore « I’m not Calling You a Liar ».
Un vrai désordre, des mots qui s’enchaînent les uns aux autres à la poésie mielleuse ou effrontée selon. Irrépressible sur scène comme dans ses clips, l’album en lui-même n’est pas quelconque, mais se pose là, comme un cheveu sur la soupe. Les fondations sont intéressantes, l’album ne laisse pas indifférent (rien que pour le style et la présence d’instruments rares), mais comme le formulait Voltaire : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin ».