Je n’avais pas encore apporté ma pierre à ce qui s’est passé à Copenhague. Je me disais que vues de ma lucarne, les négociations engagées entre 192 pays sur le réchauffement climatique ne nous concernaient pas directement. C’est évidemment faux, puisqu’il s’agissait là-bas de prendre en mains notre futur proche, celui de nos enfants.
Je ne vais pas m’amuser à épiloguer sur les raisons qui ont conduit à ce que la montagne accouche d’une minuscule souris, bien peu frétillante.
Il me semble simplement que l’échec de ces négociations capitales a quelque rapport avec la nécessité d’un véritable gouvernement mondial, capable de prendre de vraies décisions, quitte à déplaire à certains, fussent-ils puissants.
On n’a pas manqué de rappeler ces jours-ci le commentaire que faisait le général de Gaulle sur l’Onu : un “machin”. Son propos désabusé prend aujourd’hui une nouvelle couleur. La succession de conflits mondiaux au cours du siècle précédent a conduit les nations à mettre en place cette organisation internationale, dont la vocation était et demeure de mettre tout le monde autour d’une table lorsque c’est nécessaire plutôt que de laisser chacun rouler des mécaniques. Cette organisation a certes pu régler quelques délicats problèmes depuis sa création, mais elle a aussi largement montré ses limites, quels que soient les mérites de tous ceux qui ont essayé de la gouverner.
Nous devons d’urgence trouver des remèdes au pompage de notre propre sève que nous-mêmes avons soigneusement organisé. Nous pensions que nous vivions dans un univers infini que nous pouvions gaspiller jusqu’à plus soif. Nous savons à présent que nous avons hypothéqué une bonne part de l’équilibre qui régnait sur notre planète : chaque jour, des espèces animales et végétales disparaissent parce que nous les écrasons sans vergogne. Chaque jour nous consommons sur les routes, dans les airs, souvent pour des futilités, une énergie que nous savons pourtant limitée et épuisable.
Face à ces problématiques, nous savons qu’il n’y a de solution que globale, mondiale. Nous pouvons individuellement limiter notre propre “empreinte écologique”, mais cela ne sert à rien si pendant ce temps d’autres s’en moquent comme de leur première chemise. Et un système où quelques grandes puissances bloquent toute avancée par égoïsme local ne peut aboutir à rien.
Les scientifiques nous disent qu’il est encore possible de redresser la barre, mais qu’il faut accepter des révisions déchirantes. Il faut nous en donner les moyens, ou … changer de dirigeants !
Je m’emporte, mais je crois que je reflète un sentiment que nous partageons majoritairement. Nous sommes prêts à ces sacrifices, il nous faut un cadre que nous acceptions, et qui contraigne tout le monde. Alors, soyons optimistes, et espérons que Copenhague, après Kyoto, sera suivi de sommets plus enthousiasmants. Et puisqu’il est grand temps de nous regarder pour comprendre ce qui nous freine, il est utile d’écouter ce que nous disent les sages. Je vous propose ce soir les propos de Michel Serres , qui portent un regard réaliste sur notre médiocrité, mais préservent quand même une fenêtre d’espoir…