Rolley/AFP. Eric Breteau, président de l'Arche de Zoé. DR
Dix jours après le fiasco de l’association française au Tchad, retour sur les faits.
- Samedi 3 novembre : Le juge d'instruction de N'Djamena, chargé du dossier de la tentative de transport de 103 enfants du Tchad vers la France, entame dans la matinée les auditions d'Européens et Tchadiens inculpés dans ce dossier. Le président Deby réunit au même moment à la présidence une "cellule de crise", comprenant notamment le premier ministre et le ministre de la Justice pour faire le point sur cette affaire. Un peu plus tard, le premier ministre français François Fillon charge ses ministres des Affaires étrangères Bernard Kouchner et de la Défense Hervé Morin d'enquêter sur les circonstances qui ont permis à l'Arche de Zoé de dissimuler "son identité et ses agissements" aux personnels de l'Etat, notamment ceux de l'ambassade de France au Tchad.- Vendredi 2 novembre : Un couple de Français porte plainte contre l’Arche de Zoé pour «escroquerie». La situation de l’association s’obscurcit un peu plus : Le Parisien publie l’ordre de mission fourni aux autorités locales, où il n’est question que d’"assistance" à des enfants sur leur sol mais jamais de "rapatriement sanitaire" vers la France. Les 17 Européens et quatre Tchadiens ont été regroupés à N'Djamena dans la nouvelle maison d'arrêt de la ville.
- Jeudi 1er novembre : 91 des 103 enfants disent venir de villages tchadiens à la frontière du Darfour. Presque tous les enfants disent avoir un adulte «qu'ils considèrent comme un parent», selon l'Unicef, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et la Croix-Rouge internationale.
En réaction à cette affaire, le Congo annonce la suspension des procédure internationales d’adoptions d'enfants.
Le président Déby demande à la justice de faire la lumière rapidement sur le sort des journalistes et de l'équipage afin qu'ils «soient libérés». «Il est bien vrai que nous devrions faire la différence entre les journalistes qui font leur travail d'information et de communication avec les responsables de l’Arche de Zoé».
- Mercredi 31 octobre : Nicolas Sarkozy annonce qu'il va «sensibiliser» son homologue tchadien à la présomption d'innocence.
Le colonel Kadhafi saisit l'opportunité d'améliorer son image sur la scène internationale et propose son aide à Paris. La France refuse en termes diplomatiques, une relation étant maintenue avec le Tchad.
Le pilote belge est inculpé à N'Djamena de «complicité d'enlèvement de mineurs» et écroué. 19 personnes sont désormais inculpées et écrouées dans cette affaire.
- Mardi 30 octobre : Deux Tchadiens sont inculpés de «complicité d'enlèvement de mineurs».
Madrid fait part de son «désaccord», estimant qu'il n'y «a pas de preuves concluantes contre les Espagnols».
L'affaire prend une tournure de plus en plus politique à Paris, où le gouvernement est interpellé par l'opposition. Pour le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, «on ne peut pas agir sans règle». Rama Yade, elle, affirme que la France ne pouvait pas arrêter l'opération. Paris précise avoir mis en garde contre les activités de l'association l'avant-veille des arrestations.
- Lundi 29 octobre : Les neuf Français sont inculpés «d'enlèvement de mineurs» et «d'escroquerie», les sept Espagnols de «complicité».
- Dimanche 28 octobre : Les responsables de l'opération «répondront de leurs actes» au Tchad, affirme l'ambassadeur de France à N'Djamena.
Nicolas Sarkozy «condamne» l'opération, qu'il juge «illégale et inacceptable», lors d'un appel téléphonique à son homologue tchadien.
Le pilote belge qui a acheminé les enfants vers Abéché est mis en garde à vue à N'Djamena.
- Samedi 27 octobre : Maître Gilbert Collard, qui défend l'Arche de Zoé, jette le trouble : «S'il y avait eu une interdiction officielle émanant du Quai d'Orsay, j'ose espérer qu'on ne mettrait pas des moyens comme des avions militaires à leur disposition». Il dénonce également la «cabale» des organisations humanitaires pour écarter un concurrent.
- Vendredi 26 octobre : La secrétaire d'Etat française aux Affaires étrangères et aux droits de l'Homme, Rama Yade, estime que l'opération est «illégale et irresponsable». Elle affirme que Paris a «tout fait» pour tenter d'empêcher l’ONG de passer à l’acte.
L'armée française admet avoir transporté des membres de l'association, comme elle le fait pour d'autres ONG. «Ils s'étaient présentés comme membres de l'opération Children Rescue destinée à soigner des enfants sur place», se défendent les autorités militaires.
On apprend que le président de l'Arche de Zoé, Eric Breteau, arrêté à Abéché, avait été entendu en août par la brigade de protection des mineurs dans le cadre d'une enquête sur un éventuel rôle d'intermédiaire joué par l'association en vue de l'adoption d'enfants du Darfour par des Français.
Quatre perquisitions visent l'Arche de Zoé et un collectif émanant de l'association.
Les familles françaises se rassemblent devant l’ambassade du Tchad à Paris pour protester contre les arrestations.
- Jeudi 25 octobre : Six Français membres de l'association l'Arche de Zoé sont arrêtés sur le tarmac de l'aéroport d'Abéché, à l'est du Tchad, en compagnie de sept membres d’équipage d’un avion espagnol et de trois journalistes français. Ils s'apprêtaient à faire sortir 103 enfants du pays pour, affirment-ils, «sauver de la mort des orphelins».
N'Djamena les accuse d'«enlèvement» et «trafic» d'enfants, le président tchadien Idriss Deby se demandant même si ces derniers n’étaient pas destinés à des réseaux pédophiles ou à des trafics d'organes.