Ainsi la France fait-elle repentance (voir Le Temps ici) dans l'affaire des données volées à
HSBC par Hervé Falciani. En exploitant et en conservant ces données elle aurait commis un abus de confiance - l'information lui a été
fournie par la Suisse dans le cadre d'une entraide judiciaire - un recel de preuves et une violation du droit international, puisqu'elle n'aurait pas respecté l'accord
d'entraide juciciaire signé avec la Suisse. Que vaudrait désormais sa signature ? Que vaut-elle de toute façon ?
En décidant de remettre à la justice helvétique les données volées à HSBC par Hervé Falciani, la justice française désavoue publiquement les deux Eric, de Montgolfier et
Woerth, qui se sont comportés comme des voyous, ce qui est gravisssime de la part d'un procureur et d'un ministre. Hier, dans Le Figaro
(ici), le directeur général d'HSBC
Genève, Alexandre Zeller, faisait une comparaison tout à fait de circonstance :
"C'est un peu comme si un convoyeur de fond détournait une camionnette et que le pays dans lequel il se serait enfui gardait le butin, la camionnette et offrait en
plus sa protection au convoyeur."
La justice helvétique doit cependant rester méfiante. En effet elle ne connaît pas le contenu exact des données volées. Il faudra donc qu'avec l'aide d'HSBC elle s'assure que toutes
les données lui sont bien restituées par la justice française et qu'aucune d'entre elles n'est employée pour poursuivre un seul client d'HSBC.
Quant à Hervé Falciani il doit être châtié pour son forfait. Il est inadmissible qu'il soit impuni après avoir violé son secret de fonction. Ce matin encore, dans Le
Figaro (ici), cet homme (dont la photo
ci-dessus provient d'ici ) doué d'une grande
duplicité joue le donneur de leçon et l'indigné devant le manque de rigueur d'HSBC, ce qui se fait "au détriment des clients [qu'il ne
répugne pas à dénoncer à l'Etat français pour sauver sa peau], comme des Etats". Il veut "faire évoluer le système
dans le bon sens", le bon apôtre.
Falciani prétend qu'"il alerte les autorités suisses à la fin de l'été 2006". De quoi ? Qu'il va voler des fichiers et les négocier aux plus offrants si
rien n'est fait pour changer les pratiques ? Cela ne tient tout simplement pas debout. En réalité il a fait chou blanc dans ses négociations pour monnayer les données - contrairement à ses
dires de voleur offensé - et il veut faire croire que sa complice et maîtresse l'a fait tombé dans un piège quand il s'est rendu au Liban, où en fait il n'a pas obtenu le pactole qu'il
espérait.
Poursuivi et arrêté par le Ministère public de la Confédération parce qu'il est soupçonné d'"introduction frauduleuse dans un système
informatique", une fois relâché - il sera intéressant de savoir un jour comment il a obtenu cette libération - il ne traîne pas et dès le lendemain il franchit la frontière. Il ne collabore
avec la justice française qu'après la demande d'entraide judiciaire faite par la Suisse quand, en France, il est convoqué devant le juge.
Comble de la duplicité, il confie au Figaro de ce matin (ici) :
"La question qui m'obsède est de savoir si l'oeuvre de justice pourra se conduire. Je voudrais que les autorités défendent les intérêts des citoyens français et
européen. Cela me permet d'avancer".
J'espère bien que l'oeuvre de justice se fera aux dépens de cet employé indélicat et dans l'intérêt de ceux à qui il voulait nuire. Cela permettra à la cause du droit de l'homme
à sa sphère privée d'avancer un peu.
Francis Richard
Nous en sommes au
520e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses
en Libye