Une grosse pile de nouveaux livres sur ma table, autant de CD récents près de ma platine, la télévision me semble bien triste face à une telle concurrence, d'ailleurs il n'y en a pas puisque je n'hésite pas une seule seconde à la laisser éteinte durant plusieurs jours.
Jeudi soir j'aurais bien voulu terminer mon bouquin qui en arrive à son épilogue mais sur France5 François Busnel pour La grande librairie recevait Fabrice Luchini et il s'avère que je suis fou de Luchini pour paraphraser le célèbre « Je suis fou du chocolat Lanvin ». L'acteur s'est un peu calmé ces dernières années me semble-t-il, mais sa logorrhée verbale, son flot de paroles, restent fascinants. Invité pour son spectacle Le point sur Robert où il déclame sur scène des extraits de textes de Céline, Roland Barthes, La Fontaine et autres, il fut une fois de plus sidérant. Quand il cite ces auteurs, on redécouvre leurs écrits mais surtout on les comprend beaucoup mieux. Quand Luchini récite du Céline, nous ne sommes pas en présence d'un conteur mais plutôt d'un passeur. Ses intonations de voix, sa gourmandise dans l'élocution, la lueur dans son regard, sont un régal sans égal. L'émission ne durait qu'une pauvre heure hélas ! Je serais bien resté devant mon écran jusqu'au bout de la nuit... Du coup je suis passé sur ARTE qui programmait en seconde partie de soirée, un documentaire Johnny Cash at Folsom Prison sur le « concert » donné par l'artiste disparu, devant des détenus dans une prison de Californie en 1968. En fait ce fut assez décevant car il y avait peu à voir et plus à entendre, surtout des interviews, pour de la radio j'aurais accepté mais pas pour de la télé.
Vendredi j'avais sélectionné ARTE car on y diffusait Le retour de Jack l'Eventreur. Sherlock Holmes ou Jack l'Eventreur à Whitechapel sont des thèmes familiers dont je ne me lasse jamais et ce soir encore j'ai trouvé cette émission de la télé anglaise assez réussie. L'action se déroulait à notre époque et un tueur répétait à l'identique les meurtres commis par le vilain Jack. Un jeune inspecteur de police aux dents longues confronté à ses subalternes vieux briscards de la criminelle et aux crimes atroces qu'il ne parvient pas à prévenir, finira par trouver sa voie et son identité en ne cédant pas aux honneurs trop rapides mais en se consacrant pleinement à son métier. Le mythe éternel revisité sous un angle plus moderne avec un fond social. Pas mal du tout.
Dimanche soir, L'inspecteur Barnaby étant déprogrammé durant les fêtes de fin d'année, car certainement pas assez glamour, j'ai du éplucher mon programme jusque dans ses moindres détails pour trouver mon bonheur. Car le dimanche est le seul jour de la semaine où je ne peux me passer de regarder la télévision. Il y avait des classiques du cinéma, La grande vadrouille ou Le dictateur bien sûr, mais ça ne me tentait vraiment pas de revoir pour la énième fois ces grands comiques dans des rôles plus graves. Le pingouin qui dansait sur France2 et Astérix sur M6, merci bien. Quand écrit tout petit dans mon journal j'ai lu documentaire, Dans la peau d'un SDF sur LCP sans plus de détails. Le titre semblait tiré d'un bouquin de Günter Wallraff ce journaliste allemand qui se glissait dans la peau d'immigrés ou autres populations délaissées pour en tirer de remarquables enquêtes sociologiques. Mon flair ne m'a pas trompé, c'était exactement cela, Jean-Charles Deniau reporter, a vécu 22 jours dans la peau dans SDF à Paris en décembre 2008. A l'aide de caméras cachées on le suit dans sa recherche de nourriture, d'endroits pour dormir, sous un porche ou dans un dortoir d'organisation sociale. Il croise des gens à la dérive parfois étonnants, de bons samaritains parfois aussi qui n'hésitent pas à lui offrir un repas chaud. Deniau en déduit qu'il y a peu de chance qu'un SDF meurt de faim par contre il est très facile de mourir de froid. Si le périple n'a pas semblé aussi dramatique qu'il doit l'être - j'en suis certain - pour d'autres, le reportage était particulièrement instructif et nous montrait une fois de plus, que même dans un pays nanti, même quand on a un job correct, le moindre faux pas peut vous conduire dans le ruisseau et alors tout est possible, même l'intolérable.