La tourtière, Noël, le petit Jésus et la surconsommation

Publié le 21 décembre 2009 par Le Détracteur

Il n'y a de ça même pas 10 minutes, j'étais au petit restaurant au rez-de-chaussée de l'immeuble où je travaille. Je commandais le spécial du jour, soit une pointe de tourtière accompagnée de purée de pommes de terre et de légumes. (Une tourtière faite maison par un anglophone d'origine grèque qui parle français, dont l'assistant est éthiopien anglophone qui se démèle pour apprendre le français. Vraisemblablement la tourtière la plus multiculturelle à laquelle j'ai goûtée, et qui était parfaitement délicieuse).

Tout à coup, j'entends à ma gauche une voix étrange, je ne suis pas certain si c'est une voix d'homme ou de femme. Ce dont je suis certain, c'est que c'est en anglais, et que ça parle sur un ton moralisateur. Je me retourne, c'est bien une femme. Elle pointe le caisser avec son verre de café de demande " You know what Christmas is about? "

Le caissier la regarde avec des points d'interrogation dans les yeux.

" You know what Christmas is about? It's about Jesus, that's what it's about! I hope you knew that, and if not, don't you forget it! "

À ce moment, j'ai émis un rire méprisant, du genre un peu reniflant qu'on fait en faisant semblant de s'étouffer, et je me suis retourné. La dame m'a regardé, sans doute avec un air de cerveau lavé mais contrarié, et est repartie.

D'abord, mes observations. La dame habitait clairement l'ouest de Montréal, probablement Westmount, si je me fie à son manteau de fourrure et à ses bijoux. En second lieu, le caissier avait répondu en français, et elle n'a pas daigné démontrer la moindre envie de continuer son petit discours dans cette langue. Bref, une possédante qui avait affaire au bureau du gouvernement qui siège dans l'immeuble.

J'ai un peu de difficulté à croire que cette femme n'ait pas eu accès à une éducation adéquate. Bien au contraire. Je me demande encore et toujours comment des gens qui ont fait des études peuvent à ce point ne rien remettre en doute. Et plus j'y pense, plus j'ai tendence à vouloir déclarer officiellement Westmount comme étant " bible belt " de Montréal.

Oh bien sûr, il y a des croyants partout au Québec. Mais ceux qui viennent vous parler de Jésus comme si vous étiez leur petit fils, sont étrangement souvent anglophones, avec un accent britannique.

Après qu'elle eut tourné les talons, je me suis demandé ce que j'aurais répondu si c'était à moi qu'elle avait posé la question. Ça m'a démangé de lui taper dessus avec un fémur de dinosaure, ne serait-ce que pour lui entrer dans la tête la théorie de l'évolution, mais n'ayant pas cet artéfact naturel sous la main, je crois que j'ai bien fait de m'abstenir. Noisette lui aurait sans doute répondu (en français) que Noël n'est rien d'autre que la fête de la surconsommation. Ce qu'on ne peut pas vraiment nier.

Je suis évidemment d'accord sur ce point. Mais je m'obstine encore et toujours a acheter un petit quelque chose pour mes proches, ne serait-ce parce que je sais pertinemment que les valeurs d'un athée ne sont pas très populaires à Noël, et aussi parce que malgré toutes mes hésitations, il me fait quand même plaisir de gâter mes proches, ce que je n'ai pas pu faire souvent dans les années précédentes (ni à Noël, ni à aucune autre occasion).

Même si j'ai surconsommé (j'achète rarement pour 200$ en moins de 2 jours comme je l'ai fait la semaine dernière, même si une partie allait dans des dépenses personnelles), j'imagine que je me plais à croire que ce ne fut pas pour rien. Ces trois cadeaux qui n'ont rien d'insignifiant (j'ai essayé de choisir des cadeaux éducatifs ou qui font travailler l'intellecte cette année), je les ai emballés dans du papier journal, comme nous le faisons depuis 3 ans. Pas de papier d'emballage gaspillé pour rien.

Je me suis aussi permis une autre dépense d'ordre humanitaire dont je ne parlerai pas pour le moment car ce sera dévoilé le 25 décembre.

La seule autre surconsommation que je me permettrai cette année, ce sera celle de tourtière et d'alcool. Faisons bombance et ripaille!