Après un très réjouissant volume 2 cet été, SoundWay records récidive pour réchauffer votre hiver avec le volume 3 de « Panama », consacré cette fois à la Calypso Panaméenne (ancêtre du Reggae encore pratiqué à Trinidad), toujours sélectionné par Roberto Gyermant Miles Cleret (Panama 1 & 2), mais aussi pour ce volume par Will Holland (Quantic) qui rajouta sa touche de Groove.
Ceferino Nieto - El Pajaro Zum Zum
On y trouvera, bien sûr, des Calypsos délirantes comme la première, « Fire Down Below » par la voix terrible de Lord (titre des chanteurs de Calypsos) Panama & The Stickers, orchestre de cuivres, ou plus proche du vieux merengué Dominicain ou de notre biguine comme la « Samba Calypso » d'Armando Boza avec Manito Johnson. D'autres sont plus mélancoliques en anglo-catibbéen savoureux à base de guitares comme la « Bamboo Dance » de Black Czar, le « Colon Colon » de Lord Cobra, figure majeure de la Calypso Panaméen, qu' on retrouve aussi dans « Partido Calypsonian » avec son Sugar Tone Band
(...) On goûtera aussi l'authenticité vocale bouleversante du superbe chant d'esclave « Masters Are Gone » de Sir Valentino (...)
On y trouve aussi des reprises originales à la sauce Panaméenne des classiques Cubains comme « Bilongo » par Brandao y sus Ejecutivos, « Lloraras » délicieusement décalée par Beby Castor et ses Juvelines ou « El Raton » par Los Invasores aux backing vocal de ménagerie très jungle sur une guitare psychédélique. Le Guaguanco n'est pas en reste avec Los Salvajes Del Ritmo et leur « St John's Guaganco » aux bons fonds sonores Merengue. Les guitares du Son s'électrisent en bachata avec Panaswing dans « Me Lo Dijo Una Gitana ».
Les influences de la Colombie voisine de l'Isthme Panaméen restent présentes dans la musique rurale par les accordéons de Musica Tipica proches de ses Vallenatos itinérants de Ceferino Nieto dans « El Pajaro ZumZum ». Les deux chanteuses hallucinantes à la Yma Sumac dans les aigues Amalia Delgado (un peu à La Lupe) dans la Cumbia « Carretera Al Canajagua » et Yin Carrizo derrière le vallenato « 20 De Enero en Ocu » valent le détour par les petites routes désolées. Le Conjunto Panama nous gratifie en outre de son « Trigueñito Y Solo ». On goûtera aussi l'authenticité vocale bouleversante du superbe chant d'esclave « Masters Are Gone » de Sir Valentino et son Combo Esclavos Alegres sur fond de cordes.
(...) l'instrumental final « Carmen » aux échos space funk psychédéliques Ethio-Jazz vintage (...)
On retrouve aussi la bonne dose de Funk/Groove Latin de la patte Quantic (Will Holland) dans le Panamaploitation « Mooving-Grooving » de Little Francesco Greaves rappelant « Dancing In The Streets » ou le duo comico-festif irrésistible Dancehall des deux vocalistes MCs Soul Apollo et Fredrick Clarke sur un Riddim dans « Chombo Pa' La Tienda ».
Parmi les petits groupes de Funk Soul urbains influencés par les groupes noirs nord-américains et latins appelés Combos Naciolanes, plus proches du Latin Soul de la Fania, on retrouvera avec plaisir « Los Silvertones » dans l'excellent Boogaloo « Up Tight » à la Pete Rodriguez et l'instrumental final « Carmen » aux échos space funk psychédéliques Ethio-Jazz vintage, l'excellent chanteur Camilo Azuquita dans « Shingalin en Panama ». Maximo Rodriguez avait d'ailleurs aussi ses « Estrellas Panamenas », comme la Fania accompagnant ses guias (improvisations vocales de la Salsa) dans « Chevere Que Chevere » de répétitions en abyme jusqu'à la transe et les Mozambiques dans « Llegamos Ya » un trombone gueulard. Le Latin Jazz est présent dans le « Gua Jazz » de Ralph Weeks et les Telecasters, avec une flûte funky 60ies et des cuivres sur fond de percussions à la manière de Mongo Santamaria.
En un mot comme en cent, cette compilation vous convaincra que les Panaméens faisaient de la Calypso comme les Trinidadiens et de la Salsa comme les Cubains ou Portoricains, voire mieux, car à leur façon et saveur inimitable, qui est à découvrir pour cette raison.