Le magazine Elle semble vouloir renouer avec avec l'esprit féministe de ses débuts, l'esprit seventies.
Au printemps, étaient sortis des photos de stars au naturel sans retouches ni maquillage. Lors de la soirée Elle-Wikio la directrice a évoqué la fondatrice Hélène Lazareff. Objectif : lancer des Etats Généraux de la femme, sur le modèle de ceux qui ont eu lieu en 1970.
Comme j'ai reçu un mél sur le sujet, je relaye bien volontiers cette info.
Extrait du dossier de presse : "Mai 1970. ELLE organise les premiers Etats généraux de la femme à Versailles. Il s'agit de donner la parole aux Françaises, de recueillir leurs doléances pour en tirer des propositions concrètes. En 1970, l'IVG est encore hors la loi, seule l'autorité paternelle est reconnue, les femmes enceintes peuvent être licenciées. La loi sur l'égalité professionnelle mettra encore treize ans avant d'être votée.
[...] Après une longue enquête à travers toute la France, les Etats généraux de la femme se déroulent les 18, 19 et 20 novembre 1970 à Versailles, où plus de 1 500 femmes vont débattre de la condition féminine et des réformes nécessaires.
[...] Mai 2010. Quarante ans plus tard, qu'avons-nous gagné ? Perdu ? Que devons-nous défendre ? Conquérir ? Sommes-nous plus libres ? Ou, au contraire, nous sommes-nous créé de nouvelles prisons ?"
" Etats Généraux ", " doléances ", " égalité ", " Versailles " : ce vocabulaire teinté 1789 correspond bien à la volonté des années 70 d'accompagner une révolution en marche pour plus d'égalité et de liberté. Une vidéo de l'époque montre ce coté revendicatif. Il y est question de " travailleuses " et de " travailleurs ", de " profits patronaux ", d' "exploiteurs ", de " sous-salaires féminins " : la question des femmes est mise dans la perspective d'une critique globale du système économique.
Pour ces nouveaux Etats Généraux sous la présidence de Simone Veil, Elle a mobilisé les ministres femmes et propose à partir de janvier des débats à Lille, Lyon, Marseille et Paris. Que donneront-ils ?
Les mobilisations collectives semblent moins fortes. Le contexte n'est plus le même. Les droits sont acquis et le chemin qui reste à faire - notamment sur le " plafond de verre " - relève d'un changement de mentalité. Mais dans les classes populaires, ce sont les femmes qui subissent le plus la précarité. Quant aux menaces de régression, elles sont le fait d'un obscurantisme exotique importé.
Anecdote : alors que je consultais dans le métro l'article sur ces Etats Généraux, il y avait à coté de moi une jeune fille blonde qui lisait un petit manuel rose et blanc. Il s'intitulait " La prière " et était destiné à la " jeune Musulmane ". On y détaillait les rites à suivre : positions, gestes, formules, avec par soucis de pédagogie, une table de prononciation des termes arabes et des illustrations, celles d'une enfant voilée des pieds à la tête à la mode iranienne... en rose bonbon.
Que pense La Halde de ce genre de manuel "validé et approuvé par le Docteur Boukhzer AL BACHIR, directeur du département éducatif de l' UOIF [Union des organisations islamiques de France]" ?
En tous cas, moi ça me donne des envies de Carmagnole et de canon :