Je considère Lucia Etxebarria comme l’un des plus grands auteurs contemporains. Je me reconnais dans ces écrits souvent violents, sans complaisance. Je me retrouve aussi en elle, jeune femme moderne, versant parfois dans les extrêmes afin de pouvoir supporter au mieux ses angoisses mais aussi, pour tenter de donner un peu d’adrénaline à une vie souvent trop terne.
Je n’ai pas tout aimé d’elle. « Un Miracle en équilibre » a été une grosse déception, peut-être parce qu’elle abordait là la maternité, sujet qui ne me touche pas. Pour la première fois, elle et moi n’étions plus sur le même plan. « Beatriz et les corps célestes » a lui aussi été une gros déception. Mais je n’oublie pas le choc qu’à été la lecture de « Amour, Prozac, et autres curiosités » à un moment où je considérais ma vie comme un brouillon, où il me fallait tout tester. Et puis, il y a eu « De l’amour et autres mensonges« … quelle claque. Mieux que tous les discours de mes amis, ce livre m’a pleinement fait prendre conscience du fait que mes choix sentimentaux se tournaient bien souvent vers les « pervers affectifs« , comme pour me punir d’une faute que je n’avais pas commise.
C’est donc chaque fois avec avidité mais aussi appréhension que je commence un livre de Lucia. Ce qui a été le cas avec « Je ne souffrirai plus par amour« . Quel beau titre, n’est-ce pas? Et il résume à lui seul le contenu du livre. Car ce dernier n’est pas un roman. Il se veut être avant tout un manuel. Je dirais même, un manuel de survie. Tous ces conseils, ces mises en garde assénés par nos proches lorsque l’on se trouve dans une histoire sentimentale foireuse et que l’on ne veut pas entendre, ici, nous sont jetés en pleine face. C’est dur, direct, parfois douloureux mais cela fait du bien. Comme une thérapie. Lucia Etxebarria nous montre par divers exemples que nous sommes maîtres de notre vie et que bien souvent, nous sommes les seuls responsables des mauvaises passes de notre existence. Elle démontre de manière déconcertante nos comportements néfastes pour notre bonheur. Quelques fois, on est malheureux parce qu’on le veut… aussi.
Un seul bémol : l’écrivain fait beaucoup référence à des soap espagnols que j’avoue ne pas connaître mais c’est vraiment pour trouver quelque chose à redire…
Et si l’on en finissait avec la tyrannie des sentiments ? Décidée à ne plus souffrir par amour, Lucía Etxebarria vole dans les plumes de Cupidon et tord le cou, avec un enthousiasme communicatif, à la dépendance émotionnelle et au grand mythe occidental de l’Amour Eternel ! D’Anna Karénine à Carrie Bradshaw, d’Œdipe aux héros de sitcoms, aucun stéréotype, aucune idée reçue ne résiste à l’humour dévastateur de cette impertinente magicienne du cœur. Bien plus qu’un essai féministe et engagé, Lucía Etxebarria signe un livre-thérapie décapant où l’on apprend enfin à ne plus souffrir inutilement par amour.
« Je ne souffrirai plus par amour » de Lucía Etxebarria – éd. 10/18 - 7,40 euros.
Prochaine lecture : « Si je reste » de Gayle Forman.