Certes, la petite conférence de ce matin était placée sous le signe d'une « grande victoire », pour le groupe La Martinière. Mais pas question pour autant de diaboliser Google books, avec qui le groupe n'exclut absolument pas de travailler.
« Google pourra être un diffuseur comme un autre, à condition qu'il respecte les règles », assure Hervé de La Martinière, qui entend bien ne pas se priver d'un potentiel client avenir. « C'est un moteur de recherche formidable », mais qui ne doit pas jouer avec les livres selon ses conditions.
Toujours de gauche à droite, Me Yann Colin et Hervé de La Martinière
Aujourd'hui, La Martinière avec Gallimard et Flammarion a lancé sa plateforme numérique. Elle contiendrait 1000 ouvrages numérisés, « à parts à peu près égales entre les trois éditeurs », ajoute le PDG de La Martinière.
Eden, interface commerciale avec Google books
Et il est question de passer à la vitesse supérieure, pour que 5000 ouvrages soient numérisés en 2010. Aussi, pas question de laisser au moteur le soin de numériser les livres à leur place. Mais on sait aussi envisager un futur dans lequel Google pourra vendre des ouvrages, s'il passe comme les autres, par la plateforme Eden. C'est simplement que Google « a oublié en route le principe de la liberté d'entreprendre » et que le TGI a donné « une leçon pour ceux qui veulent se passer d'éditeurs dans la commercialisation des livres ».
Maintenant, on peut discuter
La Martinière l'a toujours dit : les discussions avec Google ont toujours été ouvertes... avant de rentrer dans la phase juridique active. Mais le PDG est toujours prêt à se ranger à la table des négociations, pour « travailler ensemble, mais dans le respect des droits ». Rien de contradictoire avec Eden, donc, qui a vocation à être une plateforme de vente par l'intermédiaire des libraires. Mais jusqu'à présent, le comportement de Google, caractérisé par une contrefaçon des citations proposées ne pouvait donner cours à des relations commerciales.
Suppression des oeuvres... en fermant Google books ?
Pourtant, avant que ne s'engagent des discussions, il faudra bien que l'on obtienne gain de cause et que les ouvrages concernés par la violation du droit d'auteur soient retirés de Google Books. « Comment arrêter ce processus ? Cela reste un mystère toujours grand », avoue Hervé de La Martinière. Google lui-même ne saurait pas ce qu'il numérise : quel moyen aurait-il alors de pointer les ouvrages concernés ? On parle tout de même de 4000 à 9000 livres sous droit appartenant à La Martinière qui auraient été victimes des scanners de Google... « Sauf à arrêter leur site, on ne voit pas comment cela est possible en fait », ajoute-t-il. De toute manière, des constats effectués par huissiers seront réalisés, pour s'assurer que tout est bien appliqué...
Bibliothèques et droit numériques
Mais alors, le partenariat avec les bibliothèques américaines, qui a servi malgré elles à la numérisation de livres sous droit pourrait être menacée... « Ou du moins remis en cause, oui. » Et quand Google assurait que les éditeurs ne disposaient pas des droits numériques, Me Yann Colin balaye cela simplement : « Nous l'avons démontré durant le procès. En France, l'éditeur est la personne morale présumée détenir les droits d'auteurs. » Alors évidemment, voilà 25 ans, on ne parlait pas de droits numériques, mais pour autant, cette formulation s'applique tout de même.
L'édition française blacklistée ?
Mais au final, ne peut-on pas redouter que Google décide de faire un black-out sur l'édition française, un peu turbulente, et pas très conciliante ? « Si c'était le cas, difficile de ne pas s'attendre à ce que l'édition européenne soit également dans le même cas. Mais je considère qu'il n'y a pas de raisons que l'on ne s'entende pas. Google est une entreprise efficace, avec qui on peut vendre des livres comme d'autres. » Il faut juste è mettre un peu plus les formes...
La Martinière au charbon pour tous
Alors dans cette affaire, M. de La Martinière n'a-t-il pas l'impression d'être allé au charbon pour déblayer le terrain, pendant que l'édition française attendait de voir ? (Sourires du PDG et de son avocat) « Quand j'ai manifesté voilà trois ans mes inquiétudes, elles n'ont peut-être pas assez été prises en compte par l'édition. J'avais proposé aux syndicats d'entamer une action, mais cela n'avançait pas. Ceux qui me connaissent savent que je peux me montrer impatient. Et quand on est en grand nombre, il est difficile de s'entendre, alors que seul, on avance plus vite. »
D'ailleurs, avec les plateformes numériques actuelles, on le voit bien : Eden, eplateforme (Editis) et Numilog (Hachette), soit autant de solutions qui montrent la divergence des éditeurs. « Chacun marque son territoire, avant de se rejoindre », explique Hervé de La Martinière. Il paraîtrait cependant qu'une plateforme dont le PDG avait invité tout un chacun à le rejoindre souhaite malgré tout conserver 51 % des parts...
Dont acte...