L'Algérie, en matière d'accès et de traitement de l'eau, revient de très loin. Géographiquement, tout d'abord, avec une hauteur moyenne annuelle des précipitations de l'ordre de 423 mm, le pays fait partie de ce croissant nord-africain où le manque et la rareté des pluies ont considérablement pénalisé la politique hydraulique depuis l'indépendance, du moins tant que celle-ci est restée axée sur la mobilisation de ces ressources naturelles par voie de captage (barrages, retenues, etc). L'Algérie présente en effet un climat semi-aride qui se caractérise par une forte irrégularité pluviométrique, ce qui donne sur le plan des régimes hydrologiques une extrême irrégularité saisonnière et interannuelle des écoulements qui est accentuée par de longues périodes de sécheresse, des crues violentes et rapides, et une érosion intense avec des transports solides importants. Par ailleurs, la prise de conscience politique du caractère nodal de la question de l'eau pour le développement a été relativement tardive, faute de moyens d'une part, et du fait des troubles qui accaparaient l'attention d'autre part. Jusque dans les année 90, 50% de l’eau potable se perdait dans un réseau archaïque voire en état de délabrement, tant les fuites étaient considérables. Il y a eu des moments où les Algériens ne disposaient d’eau qu’une fois par semaine. Paradoxalement, les rues étaient inondées par les fuites de conduites. Les robinets défectueux dans les institutions publiques (écoles, administration, hôpitaux...) étaient monnaie courante. Et même si le robinet était en bon état, l’eau coulait à perte... Cette négligence a amené le pays à ne disposer que de quelques mois de réserve d’eau potable, et à se retrouver au bord d'une crise hydrique paralysant l'ensemble de l'économie. Pourtant, l'Algérie dispose de deux ressources décisives, l'une en eau douce, l'autre en eau salée. La première est constituée par la nappe albienne, très profonde (plusieurs centaines de mètres), immense (elle recouvre tout le Sahara central jusqu'en Libye), et qui semble presque inépuisable – de fait, la nappe albienne est l’une des plus grandes sources d’eau potable de la planète. La juste utilisation de cette nappe, qui n'est pas renouvelable, pour l'irrigation et les besoins industriels (nucléaires notamment), sera un facteur déterminant du développement de l'intérieur du pays. La seconde est constituée par le front de mer de centaines de kilomètres, où se concentre la majeure partie des agglomérations : dès le courant des années 1990, l'Algérie a compris que le salut lui viendrait des infrastructures de dessalement qu'elle saurait mettre en place, et a engagé un programme massif d'équipement. Des milliards de dollars ont donc été injecté dans la technologie du dessalement, avec des résultats déjà parlants : jusqu'à cette année, la plus grosse usine de dessalement du monde était par exemple construite dans la région d’Oran. Avec une capacité de 500.000 mètres cubes par jour, elle fournit de l’eau potable à près de 5 millions d’habitants. 15 autres stations de dessalement doivent être achevées en 2010 pour l'approvisionnement en eau potable des agglomérations urbaines, couvrant ainsi près de 10% des besoins en eau potable de l'ensemble du pays. Et l’Algérie entend construire au moins 33 stations d’ici à 2019, selon les prévisions officielles. Par ailleurs, même si un travail considérable reste à faire, le réseau est en voie de rénovation à un rythme accéléré, et les principales agglomérations ne souffrent désormais plus que de coupures intermittentes.