Chronique du 21 décembre 2009.
Perpignan a pris une leçon de rugby face au Munster. Cela fait un peu désordre quand on est champion de France mais là n’est pas le plus important. Ce match peut servir d’électrochoc pour une équipe qui, depuis le début de la saison, vit sur ses acquis. Alors, est ce que les Catalans vont savoir se servir de ce match pour rebondir ? C’est avec la réponse à cette question que l’on saura si les joueurs de Perpignan ont la capacité ou non de réussir le doublé en championnat. Explications.
La différence avec le Munster :
Perpignan a été capable de rivaliser avec le Munster sur 1 match mais pas 2. Le fait que les matchs aller retour entre ces 2 équipes aient eu lieu à seulement 1 semaine d’intervalle montre cruellement la différence entre une des meilleures équipes de club française et une province Irlandaise. Cruel, car les joueurs Irlandais sont protégés et jouent beaucoup moins que leurs adversaires, ce qui leur donne une fraîcheur physique décisive lors de tels matchs. De plus comme la qualité de l’ensemble de l’effectif de l’équipe Irlandaise est quasiment digne d’une équipe nationale, on a pu voir les manques à ce niveau-là dans un club comme Perpignan où la profondeur de l’effectif ne permet pas toujours de compenser les blessures. Schuster, très bon au demeurant, coûte un carton jaune décisif par manque d’expérience, Manas se fait prendre à l’intérieur sur l’essai décisif de Hurley parce qu’il glisse vers la touche sans regarder le positionnement de son adversaire, Mélé aurait dû prendre un carton jaune pour une faute d’anti jeu stupide,… Là où le Munster compose avec des joueurs confirmés, Perpignan est aussi en train de préparer l’avenir avec de jeunes joueurs formés par le club. C’est méritoire mais c’est, bien sûr, pénalisant pour une éventuelle qualification en HCup.
Le véritable problème, c’est que vu le nombre de matchs en France, il est quasi impossible de jouer des matchs décisifs comme celui-là avec l’effectif complet. Il manquait côté Catalan Perez, Tuilagi, Chouly, Vaki, Planté entre autres. On peut se dire que, finalement, ce n’est pas énorme mais cela reste décisif dans une double confrontation face à un adversaire du niveau d’une équipe nationale qui, lui, n’a pas d’absence notable. Si Tuilagi avait pu pousser quelques charges pour fatiguer Wallace, Leamy et Quilan à la fois, si Jean-Pierre Perez avait pu gratter un ou deux ballons, si… Bien sûr que, avec des si, Perpignan serait champion d’Europe…
Ces raisons sont objectives pour expliquer la différence entre une équipe Française et une province Irlandaise, voire même Galloise puisque ceux-ci sont maintenant sur le même mode de fonctionnement que leur voisin Celtique. Néanmoins, ces raisons ne suffisent pas à expliquer les manques Catalans, parfois grossiers, sur ce match et surtout il faut que les joueurs Perpignanais occultent ces excuses et se focalisent sur leurs manques car sur les 37 points encaissés, beaucoup proviennent d’erreurs indignes d’un supposé champion de France.
Est-ce que les joueurs de Perpignan sont capables de se remettre en question ?
Le plus frustrant sur ce match, c’est que sur certaines séquences, les Catalans étaient largement au niveau de leur adversaire, capables de mettre les Irlandais sous pression et de se créer des occasions de marquer. Malheureusement, lors de grands moments d’absence, ces mêmes joueurs offraient les points par manque d’organisation et de rigueur. Un Perpignan à 2 visages, exactement d’ailleurs comme les résultats de l’équipe depuis le début de la saison. Ce n’est pas un hasard et c’est d’ailleurs là que réside, maintenant, tout l’intérêt de ce match. Face à un adversaire du niveau du Munster, il faut être irréprochable sur l’ensemble des composantes d’une rencontre que sont la conquête, l’organisation défensive, l’animation offensive, la cohésion collective, la patience dans la construction offensive mais aussi dans les temps faibles défensifs, la capacité à être opportuniste en attaque. Il faut rendre une copie quasi parfaite pour espérer remporter ce type de confrontation. C’est possible à une condition : être déjà très prés de la perfection au moment de disputer ce type de rencontre, c’est à dire avoir installé une rigueur certaine dans la période qui précède cette confrontation de manière à n’avoir qu’à hausser le niveau d’engagement physique pour approcher la perfection. Et c’est là tout le problème de l’USAP.
Les joueurs Catalans se considèrent toujours comme champion de France et, de par cette auto-satisfaction inconsciente, oublient la rigueur qui, au cours de chaque match, doit leur permettre de hausser leur niveau de jeu afin de continuer à progresser. Le problème de l’USAP c’est qu’ils sont aujourd’hui au même niveau que la saison dernière. C’est un niveau de champion de France, certes, qui leur permet de gagner beaucoup de match mais, attention, car toutes les autres équipes ont, au minimum grâce à la vidéo, une meilleure vision du jeu des Catalans qui leur permet de mieux contrer les Champions de France. Les joueurs Perpignanais doivent accepter le fait que chaque match doit permettre de construire la progression de l’équipe et que cela passe par beaucoup de concentration et la volonté d’une rigueur extrême quel que soit l’adversaire, Albi, Montpellier ou Toulouse. C’est à ce prix-là que des rencontres contre le Munster se gagnent et que le statut de champion de France peut se conserver. Sans rigueur, sans la volonté de redevenir un outsider comme un autre, les Catalans ne dépasseront pas le stade des demi-finales du Top14 en perdant contre un adversaire qui aura au moins autant envie de gagner le match et, surtout, qui saura faire preuve de suffisamment de rigueur tout au long de la rencontre pour ne pas offrir l’opportunité à son adversaire de le battre.
Le match contre le Munster peut être riche d’enseignements pour les joueurs Catalans à condition qu’ils le veulent et le décide ensemble. Est ce qu’ils vont être capable d’une telle remise en question alors, qu’en plus, la semaine de vacances spécial Noël s’ouvrent à eux et que les fêtes de fin d’année sont généralement le moment où l’autosatisfaction est au plus haut, quels que soit ses mérites, c’est toute la question que Jacques Brunel va devoir méditer au moment d’attaquer la dinde. En tout cas, début de réponse le 30 décembre du côté de Toulouse.