Une grande partie de la semaine sera consacrée aux vins du Domaine de Bellivière. Le club de dégustation nordiste « Les Vignes de Léo », dont Isabelle est administratrice, a invité Eric Nicolas à présenter ses vins.
Dans une première partie, Isabelle commente les vins dégustés. Dans une seconde partie, Isabelle proposera un portrait d’Eric Nicolas avec qui elle s’est entretenue longuement.
Les cuvées de Bellivière ( commentaires d’Isabelle)
E. Nicolas travaille son chenin dans le but délibéré d'obtenir des expressions en terme d'acidité qui soient les plus maîtrisées. A la différence de beaucoup de 2007, par exemple, on est déjà en présence chez lui d'acidité "dans les rangs". Pour arriver à ce résultat, il tente le nourrissage par les lies le plus possible afin d'endormir (par l'effet de réduction de ces lies) l'acide tartrique. Elevage sur lies jusqu’en septembre et parfois pendant 18 mois…jusqu’à la mise en bouteilles. Le pineau d’Aunis acquiert au Domaine de Bellivière ses lettres de noblesse. Travailler sans filtration, et avec pigeage…
LES JASNIÈRES :
Les Rosiers, 2007 Sélection de vignes de moins de 50 ans.
Multiples étais minéraux de craie et de fumé pour tendre un bouquet aux dominantes fruitées et florales ; ainsi le coing et les agrumes se combinent-t-ils à l'acacia.
Une bouche plutôt exhaustive en attaque, ronde et charnue mais promptement assagie : acidité peu tactile dans son maintien, mais sans se départir aucunement de ses accroches, apte à dominer la présence de sucre résiduel. Présence agréable, du reste!
La finale n'est d'aucune docilité, puisque dans ses soubresauts elle s'investit de notes de franc caractère : anis, agrumes, poires confites et miel d'acacia.
La trace d'une belle fraîcheur en bouche, pour clore la dégustation de ce joli vin.
LES COTEAUX DU LOIR BLANCS :
L'Effraie, 2005 Vignes âgées de moins de 50 ans.
Rondeurs minérales terpéniques et empyreumatiques pour s'effacer dans les volutes fruitées et les envolées florales...
Sensualité et bien-être à respirer le verre qui rivalisent avec une bouche lascive, lente et luxurieuse car dominée par des fruits chauds et lourds au parfum capiteux (pêche, gelée de coing, fruits confits, fruits exotiques). Un caractère langoureux qui imprime donc - et avec persistance -, dans sa longueur, de subtiles acidités, et des amertumes d'une belle fraîcheur mentholée. Plus éteinte et moins vive que la cuvée Vieilles Vignes Eparses, bien plus enrobée, L'Effraie 2005 est un havre de douceur, une corpulence du début jusque la fin.
L'Effraie, 2006
Un délicat fumé qui sert de tremplin à des impressions florales vives et précises : la pivoine, le tilleul et la camomille. Dans l'antichambre d'arômes de poire Williams...
L'aération prolongée révèle en sus le fruit exotique, en particulier la carambole (au goût si caractéristique de la pomme).
La bouche glisse sur les douceurs beurrées, les vraies, celles nanties du goût aigrelet du babeurre...
Alors viennent suavement les saveurs de la brioche, de la noisette, de l'amande, de la noix de cajou- peut-être?-, et très certainement du melon.
Belle ampleur dès l'attaque, en léger décrescendo en milieu de bouche. L'acidité reprend ses marques en finale pour lui accorder les allonges nécessaires au soutien aromatique. A noter, ce qui revient souvent me semble-t-il, un léger fermentaire par l'expressivité du champignon frais.
Le Rouge Gorge, 2007, Cépage Pineau d'Aunis. Rendement 25 hl/ha.
Pineau d'Aunis à 97%
Nez très épicé, de cumin ou de muscade, et déversant des notes de guignolet. L'odoration est très sanguine également.
En deuxième aération se décèle un bel empyreumatique.
La bouche se découvre par un attaque souple et immédiatement gourmande sur le fruit au sirop (toujours cette cerise douce-amère), puis laisse s'exprimer une belle fraîcheur, une belle vivacité, un joli mordant aux tannins accessibles, marqués mais de texture agréable. Elle se clôt sur des notes grillées : noisettes, et préserve dans l'ultime ressort de sa finale sa fraîcheur...
Gourmandise prometteuse...
Isabelle