Le mal de Mère (#1)

Par Sandy458

Plongés dans le sommeil, les enfants ne laissent deviner que leurs peaux chaudes et lisses, leurs cheveux fins et soyeux collés par la rosée des rêves.

Un soupir, une main qui se resserre sur le vide d’une chambre que les cris et l’animation des jeux enfantins ont déserté.

Ils reposent dans la moiteur de leur cocon fragile, encombrés d’ours en peluche, de lapins en tissus et de poupées à moitié vêtues.

D’un baiser, déposé à la dérobée, léger comme un souffle imperceptible de peur de les réveiller, je leur exprime ce que j’ai tant de mal à leur traduire en mot.

Mes enfants.

Je suis leur mère.

Celle qui leur a donné la vie et qui est chargée de les guider et de les mener à bon port tout en guettant les icebergs de l’existence.

Un coup de barre à droite, un autre vers la gauche et le danger imminent se trouve reléguer loin dans notre sillage.

Piètre navigatrice, vigie à la petite semaine, je tente malgré tout de maintenir le cap.

Je n’ai pas envie de les inquiéter, de troubler la quiétude de leur enfance avec les angoisses qui me minent par intermittence et m’ont mené plus d’une fois au bord du gouffre.

Avoir la responsabilité de ses petites vies renforce la détermination profonde à poursuivre sa propre vie et à s’accrocher à la moindre lueur coûte que coûte et de se relever encore et encore après chaque naufrage.

Préserver leur enfance, qu’ils n’en conservent que des souvenirs radieux, une force profonde dans laquelle ils pourront puiser plus tard, lorsque la noirceur tentera de les saisir dans ses filets.

Préserver leur enfance… la mienne s’est envolée alors que j’avais 11 ans et des pans entiers ont sombré au fond des eaux glaciales, désormais inaccessibles et recouverts de la vase dense et compacte du temps.