Pourquoi n’ai-je rien écrit sur « l’identité nationale » ? Pourtant l’identité et la nation sont des thèmes qui reviennent régulièrement dans ce blog ?
Une émission de RFI me fait m’interroger. Si j’ai bien compris, les préfets organisent des débats qui visent à définir ce qu’est être français. D’ordinaire j’aime les débats : entendre des idées diverses permet de former les siennes sans effort. Mais là il ne se passait rien. Des monologues sans intérêt et des gens qui parlaient de manipulation.
Pour les psychologues, l’identité est la façon dont nous nous voyons. Ce n’est pas ce que nous sommes. Que disons-nous de nous ? Petit pays, en déclin et vieillissement accélérés, pauvre, mal géré, endetté, intolérant, haineux, ridicule, arrogant, sans aucun poids international et encore moins un quelconque prestige. Même notre histoire et notre culture, dont nous fûmes fiers, sont maintenant tournés en dérision par nous-mêmes, dénoncés comme totalitaires, colonialistes et honteux.
On dit que ce débat est voulu de manière négative, afin de définir ce qui n’est pas français… Mais si les minorités cherchent de plus en plus à affirmer leur identité de minorité, n’est-ce pas justement parce que ce qui est perçu comme notre « identité » n’a plus rien d’attirant ?
L’identité joue un rôle déterminant dans la conduite du changement. En fait, un changement c’est une transformation de l’identité d’une organisation. Or l’identité humaine est en grande partie un construit social, et la « réalisation » de son identité et le moteur le plus fort que puisse connaître l’homme (cf. Maslow). En transformant l'identité du groupe, le changement fait que ses membres se voient « mieux » que ce qu’ils croyaient être. Chester Barnard, d’ailleurs, définit le « leader » comme celui qui est capable de transformer l’identité d’une organisation.
Tout cela me fait conclure que ce qui ne va pas dans le projet du gouvernement c’est de nous interroger sur notre « identité », que nous jugeons coupable. Il devrait plutôt nous aider à construire l’identité que nous méritons. Au lieu de remuer les eaux salles, il ferait mieux de jouer les éclaireurs. Nous avons besoin de « lumières », comme l’on disait au 18ème siècle.
Compléments
- J’en étais là dans mes pensées quand j’ai trouvé un article de The Economist, qui semblait m’approuver. Selon lui, le progrès (une autre idée des Lumières) c’est se fixer des idéaux et chercher à les atteindre. Si nous doutons du bien fondé de ce que nous appelons progrès , c’est qu'il correspond à des idéaux usés. Il faut les réinventer et le progrès redeviendra séduisant. Onwards and upwards.