Il est cependant utile de rappeler l'e xtraordinaire complexité des sujets abordés lors de ce sommet, et l'ampleur du défi que représente la lutte contre le changement climatique.
Lutter à l'échelle planétaire contre le changement climatique suppose :
1. De sortir de la dépendance aux énergies fossiles
2. D'intégrer la sobriété énergétique comme principe de fonctionnement de nos économies et nos sociétés
3. De construire un plan d'action contraignant d'aujourd'hui à 2050 (horizon des négociations internationales) pour que tout le monde contribue à l'énorme effort demandé.
Cela heurte de front deux dimensions de nos sociétés actuelles :
- La logique du court terme régule les comportements économiques, les attentes des populations et les décisions politiques. Imposer une stratégie contraignante, coûteuse et pénalisante pour certains secteurs économiques (également génératrice d'opportunités économiques, mais qui restent par définition encore virtuelles !) n'est donc pas facile à accepter, d'autant plus en période de crise économique et sociale.
- La souveraineté nationale est un principe clé qui régit l'ensemble des relations internationales. Or, le climat est par nature l'affaire de tous, chaque pays ne peut pas faire ce qu'il veut chez lui. Or question du contrôle des politiques de chaque Etat est une idée assez révolutionnaire. Aujourd'hui, les USA ou la Chine sont loin d'accepter ce type d'autorité supranationale.
La complexité des négociations repose aussi et surtout sur les divergences d'intérêts des différentes nations face à la question du changement climatique.
Certains pays (ceux du Sud, en particulier) sont déjà touchés par les effets du changement climatique ; leur urgence est avant tout d'arriver à adapter leurs sociétés à ces nouvelles conditions climatiques. Pour cela, ils doivent être aidés financièrement et technologiquement par les pays du Nord, et rapidement... la réduction des émissions de gaz à effet de serre peut leur apparaître moins urgente, et davantage relever de la responsabilité des pays du Nord.
A ces derniers, il est donc demandé de réduire au plus vite leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais là encore, les intérêts divergent.
Pierre Radanne, négociateur pour les pays africains à Copenhague, distingue deux types de pays :
- Les pays " pleins ", c'est-à-dire densément peuplés et faibles en ressources naturelles (Europe, Japon), qui sont à la pointe des négociations climatiques. Leur position rejoint leurs intérêts stratégiques : des territoires densément peuplés dont il faut économiser l'espace et les ressources, avec la nécessité de recourir aux énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux importations d'énergie.
- Les pays " vides " (USA, Chine, Russie, Australie, Canada), dont la densité de peuplement reste faible et les ressources énergétiques fossiles considérables. Les modes de fonctionnement de leurs sociétés (habitat étalé, usage massif de l'automobile) et leurs intérêts économiques (production et exportation d'énergie fossile) les a évidemment placés en porte à faux par rapport aux objectifs de lutte rapide et efficace contre les émissions de gaz à effet de serre.
C'est donc l'extrême complexité de ces négociations qui explique l'échec relatif du sommet de Copenhague.
Mais là encore, il faut resituer ce sommet dans un cycle de négociations qui a commencé il y a plusieurs années, et qui se poursuivra l'an prochain à Mexico. Copenhague n'a pas été inutile, il s'agit d'une étape parmi bien d'autres dans un combat de longue haleine.