Lorsque j’ai commencé à devenir un contributeur actif sur Internet, je me suis posé pas mal de questions mais n’ai jamais douté de ma capacité à ne livrer que ce que je souhaitais délibérément partager. Ce ne serait pas un problème : plutôt secret de nature, l’enjeu serait davantage de donner suffisamment que trop. Accepter de lâcher prise, contrôler moins, tenter d’oublier que le terrain de jeu est public.
Cette année, j’ai eu l’impression plusieurs fois d’être sur un fil. En 2009, j’ai donc tenté de limiter le lâcher prise, reprendre le contrôle, penser plus souvent à ceux qui me lisent, ne pas oublier que tout ce qui est écrit reste, pour toujours. J’ai fait ça avec les moyens du bord.
J’ai clairement fait preuve de naïveté. Moi qui déteste le principe de s’épancher sur le web, qui le raille même, je n’ai fait que ça. Sur des choses pas très graves certes, mais finalement, uniquement parce qu’il ne m’en arrivait pas.
Cette année aura été différente. Parce qu’elle a été dure. Il y a été question de vie et de mort, de perte d’identité, de doutes. J’aurai du y faire face en maîtrisant ma relation au web.
Au fil du temps, ces espaces d’expression du quotidien sont devenus mes confidents, des pièces de puzzle qui, réunies, racontent au final tout ce que je suis, mes failles comprises, dans un mélange des genres étourdissant. Mais ils m’aident aussi dans ces moments plein de paradoxes qu’on connait tous où on ne veut pas en parler mais on ne peut pas tout garder pour soi. Et la matière humaine qui compose le web est piégeuse, parce qu’elle réagit, se mobilise pour envoyer des signaux de soutien et d’amitié quand on se livre vraiment. Cette aide là n’est pas virtuelle, elle compte. Sur le moment on est à l’exact opposé de la jungle, dans un cocon, porté par la bienveillance de ceux qui, se refusant à entrer davantage dans votre intimité, vous disent juste qu’ils sont là.
Cette année, j’ai pour la première fois débranché tout, pendant 1 semaine. A commencer par mon ordinateur, mon blackberry, mon mobile. Comme pour me protéger de moi-même loin de mes blogs, de Twitter et de Facebook. Loin de mon addiction. Quand j’ai tout rallumé, j’ai écrit des notes ici que je n’ai pas publié. Je me suis mis à un click du point de non retour. Créer un espace anonyme pour les publier ? J’y ai pensé.
J’avais déjà découvert qu’écrire est la thérapie qui me va le mieux. J’ai compris qu’elle ne vaut qu’en public. Une indécence insupportable mais qui m’aurait soutenu quand j’ai réalisé qu’un choc peut littéralement couper le souffle, au point de s’écrouler asphyxié en espérant un sol qui s’est déjà dérobé. Une indécence que je me suis refusé, je n’en suis pas peu fier. Sur le moment, j’avais perdu les repères, j’aurais facilement pu basculer. En relisant cette note hier, j’ai frissonné à l’idée que j’ai failli livrer ça sur le net.
Pour la suite, je vais essayer de garder ce “contrôle” là, sur le fil toujours, mais en espérant les conseils bienveillants de ceux qui pensent que ce fil qui m’amène à cliquer sur le bouton “publier” maintenant n’est peut-être pas le bon.