Identité nationale ? Mais de quelle "nation" parle-t-on ?
Il n'y a plus de "nation française", pas plus que d''identité nationale" française. Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur les définitions que donnent dictionnaires et encyclopédies du terme "nation". Voici par exemple celle du petit Larousse, édition 1979 (la préhistoire, pour les tenants de la "nouvelle France") :
NATION : n. f. (lat. natio). Communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire, et qui possède une unité historique, linguistique, religieuse, économique plus ou moins forte.
Il n'est pas nécessaire de disserter sur des pages et des pages pour comprendre que la population qui vit actuellement en France n'a plus rien d'une "nation" ; à moins, bien sûr, de changer aussi la définition de ce dernier terme.
En revanche, nous pouvons encore vous parler de la nation gauloise, c'est-à-dire de la communauté gauloise, qui, si elle ne correspond plus exactement à la définition donnée ci-dessus, notamment dans le domaine religieux, nous paraît exister bel et bien, par son passé historique commun, ses pratiques culturelles communes, ses traits de mentalités communs, sa langue commune que relient nombre de dialectes apparentés et tous issus du tronc commun indo-européen, un système économique et social qui intègre de la même manière la grande masse des Gaulois. Le versant religieux pose plus de problèmes : le reflux rapide et massif du catholicisme a laissé un champ de ruines, ne demeure dans le meilleur des cas que quelques repères collectifs, des traits de mentalités, des représentations post-religieuses et peu intégratrices. La quête diffuse de sacralité et de spiritualité, d'une part, la volonté de relations renouvelées avec le monde ("la nature"), propre aux nôtres, d'autre part, déboucheront peut-être sur une nouvelle religiosité partagée... mais il faudra du temps, beaucoup de temps.
En attendant, nous vous livrons, en guise de définition "identitaire nationale", un beau portrait de ce qu'est le Gaulois d'aujourd'hui ; il existe encore, ce Gaulois, même s'il hésite encore trop souvent à le reconnaître lui-même.
"Nous sommes arrivés chez Pellot à Figanières, à quelques kilomètres au nord de Draguignan. Pellot est pour moi l'image du Gaulois ancré dans sa terre, solide tout en restant alerte, en harmonie avec son milieu. Un Gaulois conquérant de cette fin de XXème siècle. Rapide, trapu mais les hanches fines. J'estime son maintien, son équilibre, son aplomb, son intelligence et sa ruse, sa détermination, sa rudesse et son esthétique. Une longue tignasse désordonnée, un regard plein de malice dans des yeux en amende, un nez fin et busqué, des lèvres bien dessinées et expressives, un menton présent et pointu. Le tout à travers une barbe clairsemée toujours vieille de quelques lunes".
P. Wick, Journal d'un berger nomade, Seuil, Paris, 2009.
Amaury Piedfer.