Week-end spéciale Holiday Records cette semaine sur Hartzine,
laissez-vous guider:
L’industrie du disque est en crise. Le compact disque perd de son attrait, son plastique n’aguiche plus, sa longévité commerciale est menacée. Le règne de l’immatériel et du téléchargement se conjugue désormais au présent et au passé, avec la résurgence d’un format vinyle jamais vraiment disparu. Les deux étant compatibles. La guerre commerciale change de terrain. Proudhon assénait il y a presque deux cent ans “la propriété c’est le vol”, et dans un pied de nez dénué humour, on nous rabâche que “le téléchargement illégal c’est du vol”. Criminaliser pour mieux défendre les fondations d’un ordre en péril, cela va sans dire, il y a comme un air de déjà vu. Et face à ce mur d’intérêts bien compris, la résistance n’a jamais été le seul fait de l’auditeur chapardant le fruit de la création d’autrui. Le Royaume Uni a été un terreau inégalable de labels ayant pour volonté de briser les règles d’un conformisme creux. Le Madchester de Factory records (1979-1992) résonnent encore dans les têtes de tout un chacun (Joy Division, New Order, Happy Monday) quand le Bristol romantique de la twee-pop et de Sarah records (1987-1995), de The Fiel Mice en passant The Orchids ou The Pastels, retrouve ses lettres de noblesse avec l’émergence de groupe tel The Pains of Being Pure at Heart. Factory, comme Sarah, mettaient au goût du jour le do it yourself des punks tant par un sens graphique aussi esthétique que peu dispendieux (jeunes designers, monochromies) que par l’utilisation de moyens de promotion ciblés (fanzines, compilations). A l’aune de ces initiatives historiques au lustre toujours aussi reluisant, quelques net-labels prennent le contre pied des mastodontes de l’industrie du disque, en proposant notamment le téléchargement légal et gratuit de leur catalogue. Holiday records, tout récent net-label (mars 2009) en fait partie, et son histoire ne le rend que plus attachant. Tess, Patrick, Justin, Jacob, Caleb et Robert sont tous potes et vivotent dans les environs de San Francisco, à Monterey précisément, autour de projets musicaux protéiformes. C’est alors que tous sont dans l’obligation de se séparer, partant vers de multiples horizons aux promesses d’avenir différentes (la Navy, l’Ireland, l’Ohio, New York). Une des ultimes nuits passées ensemble, ils décident de fonder Holiday records, à savoir un net-label proposant un maxi ou une compilation d’artistes gravitant autour de cette écurie digitale d’un nouveau type - l’analogie avec Sarah records est flagrante, eux qui publièrent plus de cent maxis et compilations - chaque vendredi et en téléchargement gratuit. En somme se faire plaisir, tout en réjouissant nos oreilles. Une seule rétribution est demandée à l’auditeur : le bouche à oreilles. Et si le tout est inégal, en atteste les deux compilations déjà éditée, téléchargeable ici et là, de nombreuses pépites trustent la page du site. Parmi celles-ci, les deux groupes d’un des fondateurs d’Holiday, Jacob Graham, The Drums (désormais signé par une major) et Horse Shoes, ou encore Girl Alliance, the Acorn Boys et The Young Friends.
Thibault
Liens
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