Et c’est donc avec un vrai soulagement que j’ai appris le foirage total de Copenhague. Oh, bien sûr, il faut mâtiner son enthousiasme au vu de l’ardoise que nos politiciens laissent, et savoir lire entre les lignes pour bien comprendre que tout ceci n’est que partie remise. Mais un répit, même bref et partiel, dans la gentillesse agressive et moralinée des fluffies de combat, c’est toujours bon à prendre. Et ce serait dommage de bouder les pleurnicheries de Hulot.
Tout d’abord, le constat factuel : quand on lit le titre des principaux articles que la presse consacre au non-événement (ou à l’événement de non-résolutions), on sent une joie modérée devant les accords obtenus de haute lutte.
Ainsi, Libération, qui avait tenté un titre « A Copenhague, la douche froide« , s’est ravisé sentant probablement qu’il ne fallait pas trop faire dans le pessimisme débridé, pour terminer sur « A Copenhague, un «accord» a minima« , ce qui est un délicat euphémisme, surtout par les guillemets sur accord. Car l’accord n’en est pas un, il n’y a pas de chiffres, personne ne s’engage vraiment, et ça mollassonne gentiment de tous les côtés.
Côté Monde, on prend là encore quelque peu des gants pour ne pas jouer la partition pessimiste trop ouvertement, avec un « Les écologistes dénoncent «un échec lamentable» » ; la protection des chevrons joue, là aussi, à fond les ballons, dans la catégorie « C’est pas nous qu’on dit ça, d’abord même que c’est les zécolos ».
Mais soyons clairs : ces deux organes, notoirement réchauffistes, se bouffent un peu les roubignolles à l’idée que, finalement, la réunion de Copenhague ne soit pas arrivée à mettre en place un vrai début de Gouvernement Mondial qui claque comme une paire de bottes cirées, avec taxe carbone à tous les étages, contraintes climatiques aussi fumeuses qu’impossibles à tenir, et, en prime, une régulation de la finance mondiale histoire de payer tout ça.
On pouvait donc raisonnablement s’attendre à une présentation un chouilla catastrophiste de l’échec mou dannois : le fond de commerce de ces médias en dépend, et il est bien difficile de passer du mode « Copenhague va aider à sauver des millions de vies humaines, migrants climatiques compris, louez Gaïa et Al Gore est son Prophète » à « oui mais bon finalement Copenhague on peut s’en passer » sans risquer un claquage général des abducteurs dans un tel grand écart…
La crise est passée par là, et les bénéfices politiques d’une réussite flamboyante de Copenhague étaient largement dépassés par leurs conséquences économiques catastrophiques, au point même qu’une bonne grosse brouille entre les états devenait une excellente voie de sortie pour tout le monde.
Politiquement, en effet, obtenir des accords contraignants aurait rapidement posé des problèmes aux politiciens en ces temps d’emploi difficile, et de dépenses publiques pharaoniques pour tout juste arriver à maintenir un système bancaire vérolé par l’étatisme galopant.
Expliquer à sa population, au milieu d’une tempête de neige, qu’elle n’a pas d’emploi parce que la Terre se réchaufferait, peut-être, et que, peut-être, dans 100 ans, il pourrait y avoir éventuellement d’hypothétiques catastrophes difficiles à chiffrer, c’est, au plan électoral, assez peu rémunérateur.
D’un autre côté, expliquer à sa population qu’on n’a pas pu (snif, snif) obtenir le méga-accord en béton armé avec des chaînes, des clous, des pals, et des cilices à cause des autres états (méchants, méchants) qui ne veulent pas jouer le jeu, ça, c’est vendeur : on peut prétendre faire partie de l’Eglise de Climatologie, on en respecte bien les dogmes, mais voilà, on est embêté dans l’expression de sa foi par d’autres pays qui, eux, veulent continuer à polluer.
(car ici, je le rappelle, Ne Pas Signer Un Accord = Être Un Gros Pollueur, et toute nuance est impossible)
Finalement, il est particulièrement ironique de constater que les sociales-démocraties européennes et américaines auront été sauvées des vexations taxatoires d’enragés anti-capitalistes par … les Chinois, qui sont, selon la rumeur, sous régime communiste.
Pendant ce temps, Nicolas Hulot n’en peut plus de pleurer des petites larmes de crocodile (pas celui du Nil, protégé, mais le crocodile Prada ou Gucci dont on fait des sacs et les sponsors). Allé sur place pour montrer qu’il sait parler angliche et qu’il veut mener un combat contre ces salauds de pauvres qui veulent se sortir de leur misère par le travail, il est reparti du Danemark avec la rage au cœur, une grosse boule sur l’estomac, et, probablement, la furieuse envie de nous infliger un nouveau film bide cinématographique :
« Ce qui est consternant, c’est qu’on a bradé l’avenir de nos enfants ! On injurie le futur, le futur immédiat pour les pays du sud. Deux ans d’activité diplomatique pour en arriver là… On a manqué un rendez vous avec l’histoire ! »
Un rendez-vous avec l’histoire, les enfants, le futur, rien moins ! Au passage, si les écolos se trompent (ce qui semblerait de plus en plus être le cas, Climategate oblige), insister bêtement avec les contraintes idiotes de Kyoto pourrait fort bien mettre l’avenir de nos enfants en danger, et injurier le futur, le futur immédiat, de tout le monde. En tout cas, Nicolas s’entendrait probablement bien avec le délégué soudanais, Lumumba Stanislaus Di-aping, qui a déclaré, tout en nuances et en finesse d’analyse :
« C’est une solution fondée sur les mêmes valeurs qui ont conduit six millions de gens en Europe dans des fours«
On comprend pourquoi, présenté comme ça, le Nicolas se tortille les bras en supination, implorant le monde de bien vouloir se flageller pour que Gaïa ne nous mange pas tout crus. L’autre Nicolas (celui qui crame du kérosène pour la République), lui, s’est donc pris une nouvelle claque, mais le service de communication de l’Elysée, moyennant quelques millions, est déjà au travail pour trouver une sortie honorable à ce fiasco. On leur souhaite bon courage (d’autant que c’est avec nos sous).
Bref, en un paragraphe comme en cent, Copenhague aura coûté un pont (plus de 300 millions, probablement), payés par des contribuables exsangues, et aura débouché sur un magnifique fiasco qui permettra de ne pas alourdir cette facture déjà salée pour le combat contre un climat qui n’a en réalité pas grand-chose à faire de nos agitations futiles.
Cependant, même s’il ne faut pas bouder son plaisir lorsqu’on entend le concert de pleureuses et de chouineuses qui ont tribune libre sur tous les médias, il ne faut pas perdre de vue qu’absolument toutes les (ex)actions possibles seront tentées pour mettre à profit la Peur Millénariste d’un cataclysme climatique pratique, pour transformer la bonne grosse inquiétude humaine en bon gros sous-sous sonnants et trébuchants dans les popoches des politiciens (et, incidemment, celles des chercheurs qui abonderont dans le sens de ces derniers).
Les théories des réchauffistes reposent sur des données bidonnées, des études partisanes, des papiers partiaux ? Le sommet de Copenhague aura quand même eu lieu. Ce sommet n’aboutit que sur du vent enrobé dans des promesses creuses ? Qu’à cela ne tienne, on aura quand même la taxe carbone, des contraintes industrielles irréalistes et des boulets supplémentaires dans la course internationale pour doter l’humanité d’un niveau de vie décent.
En clair : l’agenda des étatistes, qu’ils soient rouges, roses ou vert, ne sera pas altéré par une si médiatique confusion. Le moutontribuable sera tondu.