Bon, je sais, je vais avoir l'air c... mais je ne me souvenais absolument pas qu'Azouz Begag avait écrit le gône du Chaâba ! En fait, j'ai vu le film de Christophe Ruggia, et il m'avait beaucoup ému. Il retrace le destin d'enfants algériens vivant dans des bidonvilles au milieu des années 60. La réalisation avait été épique car Christophe Ruggia avait fait le choix de faire appel à des gamins des cités pour jouer les rôles principaux. Comme ce n'étaient pas des professionnels, cela avait été raide avec pas mal d'histoires pendant le tournage, mais le résultat avait finalement dépassé toutes les espérances.
Il y a dans cette histoire des moments très émouvants ; personnellement, une scène m'avait marquée : le père du personnage principal a placé tous ses espoirs dans la réussite scolaire de son fils, mais lui-même est analphabète. Un soir, il veut s'impliquer dans les révisions de son fils et se fâche contre ce dernier parce qu'il a l'impression que le travail scolaire n'est pas fait. A vrai dire, l'enfant est studieux, mais, manque de chance, ce soir-là il n'a pas révisé. Le problème, c'est que la table de multiplication que le père tient sous ses yeux, c'est comme de l'égyptien pour nous...Alors, il essaie de prendre l'air le plus assuré possible et interroge son fils. Ce dernier donne quelques résultats faux, mais sans trembler : le père le fixe, puis se détend alors et conclut à l'adresse de l'enfant «c'est bien mon fils».
Cette scène m'a beaucoup marqué, et je repense de temps à autre à ce film. Je suis membre du MoDem depuis sa création, et il m'aura fallu plus de deux ans pour réaliser qu'Azouz Begag est l'auteur du roman dont est tiré ce film... Je crois comprendre qu'il y a quelque chose d'autobiographique dans le roman (et donc le film). J'en recommande vivement la lecture ou le visionnage.
Finalement, si je considère les candidatures d'Alain Dolium et d'Azouz Begag, poussées en avant par la présidence du MoDem pour les investitures aux prochaines régionales, on a, dans un style très différent, deux exemples d'hommes qui se sont construits entièrement tout seuls, échappant aux déterminismes sociaux auxquels les condamnaient leurs lieux de naissance. Très certainement, sans doute, grâce à l'amour de leurs parents, enfin, je le suppose.
En ces temps où l'on déblatère à tort et à travers sur l'identité nationale, le Gône du Chaâba est une très belle histoire à revoir.