Copenhague, la face sombre de l'occident

Publié le 20 décembre 2009 par Dominique Lemoine @lemoinedo

Ce matin le Monde a un peu la "gueule de bois" mais celle-ci n'est pas liée à un retour de fête mais à la clôture du sommet de Copenhage.
Mais que pouvait-on véritablement attendre de ce sommet en voyant comment se passaient les négociations des deux derniers mois, notamment avec les pays en développement et l'Afrique.
Tout montre aussi que rien se servait d'y aller en "vociférant" comme a pu le faire notre Président car les choses sont beaucoup plus complexes.
Copenhague est un échec car le texte de trois petites pages n'est qu'un consensus non chiffré qui n'est ni à la hauteur des attentes, ni à celles des enjeux.
On retient le voeu de limiter l'augmentation à 2°C pour 2050 mais cela veut dire quoi ?
Déjà, de nombreux scientifiques montrent que cet objectif est impossible à atteindre du fait des cinétiques mises en jeu (en se basant sur le processus d'un réchauffement anthropique ).
Il faut donc envisager deux choses : la limitation des émissions et l'adaptation.
Cet échec montre le décalage entre le discours de nos dirigeants planétaires et leurs réelles possibilités d'action car dans le cas contraire cela montrerait alors de l'irresponsabilité ce que je doute.
Aujourd'hui, face à d'importants problèmes que notre civilisation aura à surmonter (climatique, démographique, énergétique, environnemental, hydrique, alimentaire...) on voit l'incapacité de nos dirigeants mais également les limites de l'ONU qui n'est plus une organisation adaptée aux enjeux d'aujourd'hui.
Pour la France, on peut dire que JL Borloo a vraiment fait le maximum de ce qui lui était possible.
Mais la France est un état trop petit et c'était à l'Europe de s'imposer comme un partenaire de premier plan et la voix de l'Europe a été bien inaudible. C'était pour elle l'occasion de prendre un place prépondérante dans les négociations mais voilà, l'Europe est inexistante dans ces instances.
On accuse alors la Chine de devenir le plus grand émetteur de gaz à effet de serre mais on oublie trop souvent que les usines chinoises fabriquent des biens de consommation pour l'occident.
La France par exemple ne fabrique plus de jouets, plus de panneaux solaires, plus de téléviseurs, plus de....  alors il faudrait prendre en compte les externalités et on pourrait alors voir qu'une grande part des  émissions de CO2 produites par la Chine peuvent être imputées sur le compte des pays occidentaux qui n'hésitent pas à aller acheter des biens de consommation quel que soit le coût CO2 de ces produits.
Cessons de vouloir tout mettre sur le dos des autres et essayons au contraire de commencer à réindustrialiser la France en prenant bien entendu en compte les concepts du développement durable.
Car les émissions émises par la Chine, l'Inde, le Brésil et autres pays pour fabriquer nos biens d'équipements ne sont pas leurs émissions mais bien les nôtres.
Pour ce faire, pour pouvoir faire la morale au monde entier, les pays occidentaux devraient évaluer l'impact carbone (et énergétique et de matières premières non renouvelables) de chaque produit importé et y mettre une "contribution carbone énergie" de type taxe carbone.
Cela inciterait probablement les industriels qui font sous-traiter leurs produits dans des pays à bas coûts salariaux, à faibles charges sociales, à contraintes énergétiques et environnementales faibles à y regarder à deux fois.
La solution n'est pas d'appliquer l'efficacité énergétique uniquement sur les produits fabriqués en France mais également sur tous les produits importés.
C'est peut-être aussi cela, l'autre face de Copenhague.
Dominique Lemoine