Petit Bonhomme vit encore (Goethe)

Par Arbrealettres

Après midi, dans l’ombre fraîche,
Nous étions entre jeunes gens;
L’Amour vint et voulut jouer
Au Petit Bonhomme avec nous.

Joyeux, chacun de mes amis
Avait près de lui son “cher coeur”;
L’Amour souffla sur son flambeau
Et dit: “Prenez cette chandelle!”

Et l’on fit circuler en hâte
Le flambeau qui brûlait sans flamme;
Chacun le glissa prestement
Entre les doigts de son voisin.

Et Dorilis me le tendit
De son air moqueur et railleur.
Ma main l’ayant touchée à peine,
La chandelle flambe à feu vif,

Me brûle les yeux, le visage,
Me met en flammes la poitrine,
Et ce brasier eût pour un peu
Jailli au-dessus de ma tête.

Je crus l’éteindre d’une tape,
Pourtant son feu dure toujours.
Au lieu de mourir, le bonhomme
Etait chez moi en pleine vie.

***

Stirbt der Fuchs, so gilt der Balg

Nach Mittage sassen wir
Junges Volk im Kühlen;
Amor kam, und stirbt der Fuchs
Wollt er mit uns spielen.

Jeder meiner Freunde sass
Froh bey seinem Herzchen;
Amor blies die Fackel aus,
Sprach: Hier ist das Kerzchen!

Und die Fackel, wie sie glomm,
Liess man eilig wandern,
Jeder drückte sie geschwind
In die Hand des andern.

Und mir reichte Dorilis
Sie mit Spott und Scherze;
Kaum berührt mein Finger sie,
Hell entflammt die Kerze,

Sengt mir Augen und Gesicht,
Setzt die Brust in Flammen,
Über meinem Haupte schlug
Fast die Gluth zusammen.

Löschen wollt ich, patschte zu,
Doch es brennt beständig;
Statt zu sterben ward der Fuchs
Recht bey mir lebendig.

(Goethe)

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