Mais il y a de grandes chances que l’espoir populaire soit déçu par l’esprit politique. Car il est probable que le lobbying industriel (pétrole, pesticides, viande, grande distribution, etc) l’emporte. Mais ce qui est certain, c’est que la prise de conscience mondiale s’est accélérée, s’accélère et s’accélérera encore jusqu’à ce que ce système absurde s’effondre.
Il y a selon moi un paradoxe avec Copenhague.
D’un côté la nécessité de mettre le paquet, de placer tout l’espoir qui reste aux militants de la première comme de la dernière heure.
De l’autre, la quasi-certitude que ces espoirs seront déçus, trahis, galvaudés.
Je ne dis pas cela par cynisme (» cette manière de faire croire que l’on est lucide quand on a rien compris…» ) mais par anticipation. Il n’y a rien de plus révoltant qu’une espérance déçue. Après, on peut être tenté de baisser les bras, de dire « tout est pourri au royaume du Danemark» et de ne plus jamais espérer.
Le Grenelle de l’Environnement en France a, qu’on le veuille ou non, été une déception. Oui les autoroutes continuent, oui le nucléaire est renforcé, oui il y aura un circuit de F1, oui les cantines ne seront pas bio avant des lustres. Etc.
Comme je suis triste d’avoir eu raison ! Au passage, précisons que certes le circuit de F1 ne se fera pas à Flins mais il est conforté à Magny-Cours.
Désormais, il serait pertinent de savoir pourquoi ce fut un échec. D’autant qu’à mon avis, le comportement de la société civile fut exemplaire. Massif, non-violent, discours clair, varié, parfois ludique et sarcastique, déterminé à la fin…*
Que pouvait-on demander de mieux ? Que reste-t-il comme « forme de mobilisation» dans notre besace citoyenne pour réveiller nos dirigeants ?
La violence ?
Ce serait bien entendu non constructif (mais encore faudrait-il correctement définir ce terme).
Voilà, chacun rentre chez soi. A la prochaine.
Que proposer en attendant ? Eh bien d’abord redonner de la force à que qu’est la parole. Aujourd’hui le verbe ne veut plus rien dire. Les mots sont confondus (étonnant que Rocard et Sarkozy confondent encore trou dans la couche d’ozone et effet de serre…), les engagements non tenus, une promesse vient chasser la promesse inverse une semaine plus tard. Selon moi, la première bataille sera sémantique. Il faut ignorer et considérer comme « tartuffe» ceux qui changent de discours selon le public ou le vent qui tourne. Revaloriser la parole. Une promesse n’engage pas que ceux qui les formulent. Bouffon celui qui hier « veut libérer la croissance» et aujourd’hui parle d’» adéqroissance» (Jacques Attali sur le site La Décroissance).
Et ensuite ? En imaginant que les mots aient enfin retrouvé leur sens ? Eh bien nous aurons déjà une base ferme pour avancer vers notre utopie.
Il n’y a rien de plus fatiguant qu’un sol bourbeux quand on veut explorer le monde des alternatives.
*J’aurais aimé être là pour mieux comprendre ce que ressentaient mes amis qui étaient sur place et vivaient heure par heure la débâcle.