Si rien n'est fait...

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Cliché I. Rambaud

Le samedi 5 décembre, le Museum d'histoire naturelle s'est mobilisé pour la défense du gorille. Si rien n'est fait...

Le lundi 7 décembre, s'est ouvert à Copenhague la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Si rien n'est fait...

Le lundi 14 décembre, la commission paritaire du Sénat a examiné l'article 52 du projet de loi de finances de l'Etat 2010 (transfert aux collectivités du patrimoine de l'Etat). Si rien n'est fait...

Si rien n'est fait, en 2050, il n'y a plus un gorille à l'état sauvage. Si rien n'est fait, en 2050, les glaciers ont fondu, des îles ont disparu, des millions de personnes sont mortes de faim ou réfugiées. Nous sommes prévenus : Al Gore, Hulot, le GIEC et Avatar ont tout mis en oeuvre pour nous émouvoir, nous faire peur et nous raisonner.

Et pour le patrimoine national, qui nous en parle ? Qui nous prévient ? Même si les journaux spécialisés s'en sont fait l'écho (Journal des Arts par exemple), l'affaire reste confidentielle parce qu'il s'agit de vieilles pierres et que la vie des hommes n'est pas en jeu, du moins directement, du moins le croit-on.

Car de quoi s'agit-il ? Ni plus ni moins que de notre histoire collective et de l'enjeu qui consiste à transmettre aux générations futures des monuments entretenus et valorisés.

L'Etat n'a plus de ressources et le déficit se creuse. Trouver d'autres propriétaires et transférer les charges est donc logique sur le plan budgétaire et de son point de vue. Les financiers désignent, dans un premier temps, les collectivités territoriales (Départements, communes, intercommunalités) comme supports de substitution.

Mais, comme on ne sait jamais et que dans 20 ans celles-ci seront sans doute également à sec à force d'avoir été vampirisées, la possibilité de vendre au privé les monuments transférés leur est attribuée.

2050 donc. Il fait chaud, très chaud, 40/41°. La terre est sèche et les cultures meurent sur place. L'eau est rationnée, l'électricité aussi, la circulation des voitures est interdite un jour sur deux. Les trains et les métros sont pris d'assaut, quand il y en a, et des émeutes se produisent régulièrement. Disneyland et le parc Astérix ont fermé, les ronces commencent à envahir les attractions. Les étangs de Sologne ont disparu. Les bassins de Versailles et de Fontainebleau ont été remplacés par des bacs à sable.

A la campagne, les églises, fermées depuis longtemps, se fissurent et s'écroulent peu à peu. Les villages sont désertés, les Monuments historiques à l'abandon, vendus aux magnats du pétrole qui, depuis, ont fait faillite. Seules les grandes villes et les "grands monuments" font encore semblant : l'Arc de Triomphe est devenu un hôtel de luxe pour rares milliardaires et le Mont Saint-Michel clignote comme un sapin de Noël, transformé en centre de vacances du Ministère de l'Identité planétaire.

Si rien n'est fait...

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