Copenhague : un échec fructueux est possible

Publié le 19 décembre 2009 par Arnaudgossement

« une approche tout ou rien pour juger Copenhague a elle aussi ses dangers. Les deux grands ennemis de la lutte contre le changement climatique ont toujours été le déni et le désespoir ». Ces mots sont ceux de Philip Stephens, éditorialiste au Financial Times, qui, rétrospectivement, avait bien anticipé l’issue du Sommet de Copenhague : un échec fructueux est possible. Après la chute il faut remonter tout de suite sur le cheval.

Certes, il n’y aura pas de traité de Copenhague, composé de chiffres et d’engagements précis, qui aurait permis d’apporter une réponse solide à la crise climatique. Certes, de ce point de vue, si l’on attendait que Copenhague soit le terme réussi d’une négociation démarrée à Bali en 2007, Copenhague est un échec.

En effet, le texte qui vient d’être voté par la Conférence des Parties sur proposition d’une vingtaine de Chefs d’Etats est insuffisant : pas d’objectifs de réduction pour 2050, la définition de l’objectif à 2020 est renvoyé à janvier 2010, la conclusion d’un accord juridiquement contraignant est renvoyé à plus tard.

Le tableau n’est pourtant pas si noir. La tristesse et la révolte des pays les plus pauvres qui sont aussi les plus exposés au dérèglement climatique est, non seulement légitime, mais elle doit être soutenue. De ce point de vue, dénoncer vigoureusement les égoïsmes nationaux des pays du nord est pleinement justifié. Reste qu’il ne fallait pas attendre que la 15ème conférence des parties soit une baguette qui allait tout régler.

Il est tout de même étrange que ceux qui prédisaient son échec depuis des semaines soient aujourd’hui surpris. Concrètement, le sommet de Copenhague peut avoir une onde de choc très négative si la sinistrose règne. Les climatosceptiques tireront parti de cet échec pour tenter de valider leurs théories fumantes. Les citoyens seront à leur tour victimes du syndrome de l’ »à quoi bon? » : à quoi bon se battre pour l’équilibre de la planète si même nos dirigeants ne le font pas ? A cette heure-ci je pense surtout que notre responsabilité collective envers nos enfants est surtout de ne pas baisser les bras. Les commentateurs en chambre sont moins utiles que les acteurs. A titre personnel, je ne me sens pas le droit de me lamenter : à quoi cela sert-il ?

Des raisons d’espérer. Le sommet de Copenhague n’est pas intéressant par son résultat mais par ce qu’il a permis de mettre en lumière. Tout d’abord, son caractère technocratique et anti démocratique a été mis en évidence sur la place publique. Les ONG et autres représentants de la société civile qui ont été chassés hier du centre de conférences sortent considérablement renforcées de ce sommet.  Il sera à l’avenir difficile d’organiser de la même manière qu’à Copenhague un sommet sur le climat.

Deuxième point : l’échec de Copenhague peut créer un électrochoc à l’origine d’une mobilisation citoyenne plus importante qui permette réellement d’obtenir un accord juridiquement contraignant en 2010 : il sera difficile pour nos gouvernants de jouer deux fois de suite la même tragicomédie !

Troisième point : les négociations techniques ont tout de même avancé et ont permis d’identifier clairement les enjeux, les blocages et autres difficultés à surmonter. Copenhague de ce point de vue aura permis de poser enfin un diagnostic. Or, il n’y a pas de bon remède sans bon diagnostic et le paradoxe est qu’aujourd’hui, les moyens de lutter contre la hausse des températures sont connus. Enfin, ce sommet a aussi démontré, l’émergence de l’Afrique sur la scène internationale. Les interventions de certains Chefs d’Etat africains comme celui du Sénégal resteront comme de grands moments. Beaucoup pensait qu’à Copenhague la surprise venait de Copenhague, elle est venue de l’Afrique.

Alors : au travail.