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« À ne pas diffuser » c’est le titre d’un document de l’ONU

Publié le 19 décembre 2009 par Buzzmadisson

2° et 100 milliards

Dans le détail, le document politique négocié prévoit de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels, l’objectif affiché de la conférence sur le climat. Mais les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés à l’horizon 2020 ne seront décidés que d’ici à janvier. Tous les pays industrialisés « ont accepté de donner par écrit » ces engagements

Les objectifs de réduction des émissions polluantes proposés jusqu’à présent à la conférence de Copenhague n’empêcheront pas le climat mondial de se réchauffer en moyenne de trois degrés, révèle un document confidentiel des Nations unies. La publication de cette analyse discrédite sérieusement les déclarations des gouvernements qui disent agir pour limiter l’augmentation des températures à seulement deux degrés pour le siècle prochain. Un réchauffement climatique de trois degrés pourrait signifier une augmentation de 170 millions du nombre de personnes menacées par des inondations sur les zones côtières tandis que 550 millions d’autres seraient exposées au risque de famine, indique une étude de la Stern Economic Review of Climate Change menée pour le gouvernement britannique. Près de la moitié des espèces animales seraient, en outre, menacées d’extinction. Même limitée à deux degrés, la hausse des températures se traduira pas une forte baisse des récoltes dans les zones tropicales et une multiplication des inondations et des épisodes de sécheresse.

Dans la nuit du 17 au 18 décembre, l’intervention des Etats-Unis – plus gros pollueur de l’histoire – pour sauver les négociations a pourtant redonné espoir. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, s’est en effet engagée à soutenir la création d’un fond doté de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 afin d’aider les pays pauvres à faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Barack Obama devrait se montrer encore plus généreux. Un autre obstacle a également été levé, le sort du traité de Kyoto est enfin résolu à présent dans la mesure où la Chine et les pays en développement ne cherchent plus à l’enterrer. Les analystes des Nations unies soulignent toutefois qu’il faudra consentir à des sacrifices bien plus importants pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à seulement deux degrés.

Le document a été rédigé par le secrétariat des Nations unies chargé de superviser la conférence. Il est daté du 15 décembre, 23 heures, et porte les mentions « à ne pas diffuser » et « version préliminaire ». Il révèle l’existence d’un écart de 4,2 gigatonnes (Gt) d’émissions de carbone entre les propositions actuelles et l’objectif de réduction de 44 gigatonnes affiché pour 2020 (et nécessaire pour limiter le réchauffement à deux degrés). Aucune nouvelle initiative n’a été proposée depuis. « Si cet écart, estimé entre 1,9 Gt et 4,2 Gt, n’est pas comblé et que les parties de l’Annexe 1 [les pays riches] ne s’engagent pas activement avant et après 2020, les émissions polluantes demeureront à un niveau trop élevé. Cela pourrait se traduire par des concentrations de carbone égales ou supérieures à 550ppm et une augmentation des températures proche de trois degrés », peut-on lire dans le rapport. S’il n’est pas précisé à quelle date cette hausse de trois degrés serait atteinte, il est probable que cela soit aux alentours de 2050.

Limiter la hausse des températures à deux degrés – par rapport à leurs niveaux pré-industriels – , tel est l’objectif que tous les gouvernements se sont fixés pour cette conférence de Copenhague. 102 nations, parmi les plus pauvres de la planète, exigent toutefois une réduction des émissions polluantes permettant de limiter le réchauffement à moins d’1,5 degré. Sans cela, affirment-ils, des milliards de personnes dans le monde risquent de se retrouver sans abri, incapables de nourrir leur famille ou victimes de catastrophes naturelles. Un tel objectif nécessiterait toutefois de supprimer tout rejet de carbone dans l’atmosphère. Le document interne souligne que « d’autres solutions sont possibles et nécessaires pour combler cet écart. On pourrait par exemple demander aux pays riches de réduire leurs émissions cumulées d’au moins 30 %, inciter plus fortement les pays en développement [comme la Chine et l’Inde] à réduire leurs émissions d’au moins 20 % par rapport à leur moyenne et limiter la pollution liée aux activités de déforestation et des transports maritime et aérien ».


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